Guerre en Ukraine : la Suisse et l'Autriche prêtes à accueillir Vladimir Poutine malgré le mandat d’arrêt de la CPI

La Suisse et l'Autriche se sont dites prêtes ce mardi à accueillir le président russe Vladimir Poutine, malgré le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) le visant, pour un sommet avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Selon des règles définies l'an dernier, le gouvernement fédéral suisse peut accorder «l'immunité à une personne qui est sous mandat d'arrêt international », si elle vient «pour une conférence de paix, pas pour des raisons privées», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis.

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C'est le président français, Emmanuel Macron, qui a évoqué la possibilité qu'un éventuel sommet entre Vladimir Poutine et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, se tienne en Europe et «ce sera un pays neutre, et donc peut-être la Suisse». Il dit plaider pour Genève, siège européen de l'ONU.

Une autre proposition en Autriche

Dans l'Autriche voisine, le chancelier Christian Stocker a également proposé d'accueillir une telle rencontre, rappelant «la longue tradition» en la matière de Vienne, hôte de nombreuses organisations internationales (Opep, AIEA, OSCE...). «Si les négociations ont lieu à Vienne, nous prendrons contact avec la CPI» afin de «clarifier la question» et de «permettre au président [Vladimir] Poutine d'y participer», a ajouté la chancellerie dans une déclaration transmise aux médias. Le président russe est visé par un mandat d'arrêt de la Cour en raison du transfert «illégal» d'enfants ukrainiens vers la Russie.

Ces deux options pourraient cependant ne pas être du goût du Kremlin. La Russie boude la Suisse, qui a décidé d'infliger à Moscou les sanctions décidées par l'Union européenne et imposées depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en 2022. «J'ai constamment rappelé cette disponibilité [à organiser des rencontres] lors de mes contacts avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov , ces derniers mois», a souligné le chef de la diplomatie helvétique. Mais «on m'a répondu que depuis que la Suisse a adopté les sanctions européennes, ils ont naturellement perdu un peu l'envie» de venir.

Des relations tendues

Ignazio Cassis a aussi fait état d'un précédent récent, lors de l'Assemblée de l'Union parlementaire internationale qui a vu venir à Genève la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko. Cette proche de Vladimir Poutine fait elle aussi l'objet de sanctions pour son soutien à la guerre. Les liens se sont de même notablement dégradés ces dernières années entre Moscou et Vienne.

Grâce à sa position de pont entre les blocs acquise durant la guerre froide, l'Autriche, pays neutre membre de l'UE mais pas de l'Otan, entretenait auparavant de bonnes relations avec la Russie. Les dernières discussions russo-ukrainiennes bilatérales ont eu lieu à Istanbul, en Turquie qui, malgré son appartenance à l'Alliance atlantique, est jugée plus amicale par Moscou.