« Gaza brûle » : les Palestiniens pris en étau entre les bombardements sur le centre-ville et la poursuite de l’offensive terrestre par Israël

Malgré le bombardement, par Israël, du plus haut immeuble résidentiel de la ville de Gaza, la tour Al-Ghafri, « nous ne partirons pas », lance un civil palestinien interrogé par Al-Jazeera. « Quoi qu’il arrive, même s’ils débarquent avec leurs chars. » Alors que les derniers vestiges de la ville sont réduits en cendres, les Gazaouis doivent choisir entre rester chez eux et y mourir sous les bombes ou fuir vers le sud et risquer de mourir affamé par la famine.

Une solution de façade, mais que plusieurs centaines de Palestiniens tentent malgré tout, esseulés face à l’entreprise génocidaire israélienne. Les habitants de la ville de Gaza ont ainsi signalé, mardi 16 septembre, de nouveaux bombardements « lourds et incessants » dans le centre urbain, à proximité d’un bloc résidentiel situé près de la place Al-Shawa.

« Présenté comme un déplacement « temporaire » »

Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, 24 civils ont été tués par l’attaque, dont une majorité de femmes et d’enfants. Face à ce regain de violence, des milliers de personnes, y compris des parents avec de jeunes enfants, tentent de fuir vers le sud de la bande de Gaza. Le porte-parole de la Défense civile de l’enclave palestinienne, Mahmoud Bassal, a précisé que « le nombre de morts et de blessés continue d’augmenter ». Ce dernier alerte ainsi sur un nouveau « massacre majeur » dans la ville de Gaza, où « il y a des morts, des blessés et des personnes disparues sous les décombres ».

« Beaucoup d’entre nous ont le sentiment de vivre une nouvelle Nakba, encore plus dévastatrice que celle de nos grands-parents, confie un journaliste palestinien – souhaitant rester anonyme – à + 972 Magazine. Mais contrairement à 1948, les Palestiniens comprennent aujourd’hui que ce qui nous est présenté comme un déplacement « temporaire » devient presque toujours permanent. » C’est pourquoi, selon lui, les civils sont « si nombreux à refuser de partir, même lorsque nos maisons sont la cible de tirs ».

Selon les estimations des Nations unies (ONU), environ un million de Palestiniens survivaient dans la ville de Gaza avant qu’Israël ne se décide à raser les derniers immeubles toujours debout. Au cours des derniers jours, ce sont près de 70 000 civils qui ont pris la route vers le sud, principalement vers Deir el-Balah et Khan Younis. L’armée israélienne affirme quant à elle que plus de 320 000 Palestiniens avaient fui la ville de Gaza en un mois, dont 20 000 dans la nuit de lundi à mardi.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a salué le bombardement effectué cette même nuit : « Gaza brûle. » Des habitants du centre d’Israël ont affirmé au média états-unien Axios pouvoir entendre le bruit des bombes lâchées sur la bande de Gaza. Au sol, l’offensive a été lancée par les forces d’occupation, avec pour objectif d’annexer la ville. Selon CNN, l’incursion a débuté dans la banlieue de Gaza ce mardi matin.

« Les personnes restées sur place ont été condamnées à mort »

Le secrétaire général de Médecins sans frontières (MSF), Christopher Lockyear, a dénoncé l’intensification des attaques visant la ville de Gaza. « Ce qui se passe n’est pas seulement une catastrophe humanitaire, c’est la destruction systématique d’un peuple. »

Christopher Lockyear ajoute : « Pour beaucoup de personnes à Gaza, s’échapper est impossible. Parmi eux figurent des personnes âgées, gravement malades, enceintes ou blessées. Les personnes restées sur place ont été condamnées à mort, tandis que celles qui fuient le font sous des bombardements de plus en plus intenses. » Les rares Palestiniens qui survivent au voyage vers le sud se retrouvent quant à eux à devoir rester dans des zones surpeuplées, sans assurance de ne pas être tués ni d’avoir accès aux ressources essentielles à leur survie.

À peine les bombardements se sont-ils calmés que le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a averti le Hamas qu’il ne lui restait que quelques jours pour accepter un accord de cessez-le-feu. « Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas (dans la ville de Gaza, NDLR), a-t-il confirmé, après s’être entretenu avec Benyamin Netanyahou. Nous pensons donc disposer d’un délai très court pour parvenir à un accord. »

Présent à Jérusalem dans la journée de lundi, Marco Rubio a rappelé que la Maison Blanche soutient l’offensive du premier ministre israélien dans la ville de Gaza. « Il ne nous reste plus que quelques mois, et probablement quelques jours, voire quelques semaines, a-t-il poursuivi. Notre priorité absolue est que cela se termine par un accord négocié où le Hamas déclare : « Nous allons nous démilitariser, nous ne représenterons plus une menace. » » Les États-Unis semblent moins dérangés lorsque Israël décide de bombarder Doha (Qatar), quitte à tuer le processus de négociations.

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