Génocide à Gaza, projet d’annexion de la Palestine… la ligue des droits de l’Homme et 80 ONG exigent la fin du commerce avec les colonies illégales israéliennes

Depuis 2009, Israël a détruit plus de 12 000 logements et infrastructures palestiniens au sein des territoires occupés illégalement. Le rythme a quant à lui explosé depuis deux ans, avec 1 768 destructions enregistrées en 2024 et 1 944 estimées d’ici fin 2025 contre 893 en 2023. C’est le constat de plus de 80 organisations non gouvernementales (ONG), dont le rapport sur le lien commercial entre des États et entreprises, notamment européens, avec les colonies illégales d’Israël a été publié lundi 15 septembre.

De la Ligue des Droits de l’Homme au Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), en passant par Oxfam, toutes estiment que la passivité la communauté internationale, couplée à leur complicité, permet à Israël de « mettre en œuvre sa politique de colonisation illégale ». Leur campagne cible nommément des entreprises et institutions qui, « par le maintien de leurs activités commerciales avec les colonies illégales, contribuent directement à la crise humanitaire causée par l’occupation prolongée d’Israël ».

49 projets de colonies validés depuis 2022

Le distributeur français Carrefour est par exemple visé, alors qu’il multiplie les partenariats commerciaux en Israël, soutenant directement l’économie coloniale dans les territoires annexés. De même pour l’équipementier britannique JCB, dont les véhicules et outils servent aussi bien à la destruction de maisons ou cultures palestiniennes qu’à la construction de colonies illégales.

Le rapport pointe aussi du doigt les banques étrangères, comme le groupe britannique Barclays, qui financent des activités commerciales, et le géant industriel allemand Siemens qui contribue, selon les ONG, aux infrastructures de transport bénéficiant aux colonies.

Soutenue par ce capitalisme mortifère, Tel-Aviv peut ainsi mettre en œuvre sa politique colonialiste sans en souffrir financièrement et technologiquement. Depuis 2022, 49 projets de colonies ont été validés par le gouvernement mené par Benyamin Netanyahou. 59 nouveaux avant-postes ont vu le jour la même année, un record historique.

Depuis 1967, Israël a saisi près de 2 000 km² de terres palestiniennes en Cisjordanie. Rien qu’en 2023, 30 682 nouveaux logements ont été approuvés en Cisjordanie, soit une hausse de 180 % en cinq ans. Plus de 744 attaques contre des terres agricoles et des récoltes palestiniennes ont été recensées en 2024, tandis que près de 800 000 colons israéliens vivent aujourd’hui dans des centaines de colonies, occupant 42 % de la Cisjordanie et reliées par plus de 800 checkpoints militaires.

« Les colonies doivent être démantelées »

Les organisateurs de la campagne insistent donc pour que les États, « particulièrement ceux de l’UE et le Royaume-Uni, interdisent explicitement les activités commerciales avec les colonies d’Israël, y compris la prestation de services et la réalisation d’investissements ». Ils demandent, par exemple, d’interdire aux banques et aux institutions financières de « fournir des prêts et du crédit aux sociétés bénéficiant des colonies qui financent des projets dans les colonies ».

Invitée à s’exprimer à l’Agora de la Fête de l’Humanité, dimanche 14 septembre, la rapporteuse spéciale des Nations unies (ONU) pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese a confirmé que les puissances occidentales, comme les institutions telles que l’ONU, ont « tout laissé faire à Israël ». Celle qui est devenue une cible à abattre pour Israël et son principal allié, les États-Unis, a aussi rappelé que « la Cour internationale de Justice a dit que les colonies doivent être démantelées, les troupes retirées, le contrôle des ressources naturelles et leur exploitation doit s’arrêter ».

« La seule chose légale que peut faire Israël dans les territoires palestiniens, c’est de dégager, a-t-elle conclu. La Cisjordanie vit, à une autre échelle, les mêmes violences que dans la bande de Gaza. Mais 800 000 colons y vivent. C’est seulement pour cette raison que la Cisjordanie n’est pas bombardée par 80 000 tonnes de bombes. »

La rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens avait dévoilé, en juillet au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, un dossier intitulé De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide. Francesca Albanese y détaillait « les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens ».

Les banques comme les universités, en passant par les industries de l’armement et des énergies fossiles, « financent, alimentent et normalisent » le projet colonial israélien. C’est pourquoi l’experte de l’ONU intime aux consommateurs « de demander des comptes à ces entreprises », mais aussi de boycotter ces géants industriels. Car, en attendant, le peuple palestinien subit le premier génocide documenté en direct.

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