Guerre à Gaza : la fondation humanitaire GHF accusée de tirer sur la foule

Des hommes et des enfants qui courent pour échapper au gaz lacrymogène, sous le bruit de tirs en rafales. Voici à quoi ressemblent certaines distributions alimentaires assurées par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), le programme d’aide financé par Israël et les États-Unis. Ce nouveau scandale vient compléter une liste déjà bien fournie.

Selon des vidéos vérifiées par Associated Press (AP), les contractuels assignés à la sécurité des sites de distribution n’hésitent pas à tirer à balles réelles, utiliser du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes pour disperser les Palestiniens venus trouver de quoi se nourrir.

Deux de ces agents étasuniens se sont confiés à AP, sous couvert d’anonymat, se sentant « perturbés » par ces pratiques « dangereuses et irresponsables ». Les images dévoilent un paysage terrifiant, où des centaines de Palestiniens entassés dans un étroit corridor prennent la fuite face à une quinzaine d’hommes armés et cagoulés sur un monticule de terre. On entend des tirs d’armes automatiques, avant d’apercevoir les agents jeter du gaz lacrymogène à proximité des Gazaouis.

Frappée à la tête par des shrapnels

Une autre photo montre une femme transportée par une charrette après avoir été frappée à la tête par des shrapnels provenant – selon l’un des contractuels – d’une grenade assourdissante. Celui-ci affirme avoir vu un homme s’effondrer après des tirs en sa direction. Ces différentes informations ont été analysées et vérifiées par l’agence de presse américaine. Safe Reach Solutions, l’entreprise étasunienne chargée de la gestion des sites de la GHF, admet qu’il y a pu avoir des blessés pendant les distributions, mais « sans gravité ».

En s’appuyant sur les mêmes sources, AP révèle que l’armée israélienne utiliserait les caméras présentes sur site pour récupérer des informations, traitées ensuite par des soldats israéliens et des analystes étasuniens.

Depuis le lancement des distributions de la GHF, l’armée israélienne s’est toujours défendue de déployer des troupes sur ou à proximité des sites humanitaires, notamment par la voix d’un de ses porte-paroles, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani.

L’ONU réclame son retrait

La Fondation humanitaire pour Gaza a commencé ses distributions le 26 mai, après deux mois de blocus complet par l’armée israélienne. Très vite, les scènes de chaos quotidiennes se sont ajoutées à l’opacité qui règne sur le fonctionnement de cette organisation caritative privée, présidée par Johnnie Moore, pasteur évangélique proche de Donald Trump. L’ONU a toujours refusé de travailler avec la GHF, l’accusant régulièrement de violer les principes humanitaires de base et de servir les objectifs militaires israéliens. Près de 500 Palestiniens seraient morts sur les sites de distributions selon l’Organisation mondiale de la santé.

Ce mercredi 2 juillet, Johnnie Moore a tenu une conférence de presse insensée, où il ne s’est pas privé d’attaquer l’ONU et les nombreuses ONG réclamant le retrait de son organisation de la bande de Gaza. « Leurs chiffres viennent d’organisations qui sont directement affiliées au Hamas » s’est-il défendu. Ce jeudi 4 juillet, la GHF s’est ensuite vue interdire le droit de cité en Suisse, n’ayant apparemment fourni ni adresse, ni représentant, bien qu’elle se soit enregistrée en partie à Genève lors de sa création. Sa filiale principale, au Delaware n’est pas concernée.

Alors que plus de 57 000 Palestiniens ont été tués par Israël depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza décompte déjà des dizaines de morts supplémentaires en ce début de mois de juillet. La crise humanitaire, elle, ne cesse d’empirer.

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