Tout-puissant, Benyamin Netanyahou cadenasse le pouvoir en Israël et pousse pour l’annexion de Gaza
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, poursuit son entreprise d’équilibrisme et la communauté internationale le regarde. D’un côté, le dirigeant ne cesse de serrer la vis au niveau national – entre répression des opposants, inculpation pour corruption et maintien du pouvoir d’une main de fer – et poursuit son entreprise coloniale et génocidaire à Gaza comme en Cisjordanie. De l’autre, il multiplie les actions de façade – pseudo-ouverture de la bande Gaza à l’aide humanitaire – pour ne pas braquer son allié états-unien et maintenir l’Europe dans son apathie.
Nouvel exemple de ce jeu de dupes : le même jour, mardi 4 août, le pouvoir israélien a réautorisé l’entrée partielle des marchandises privées au sein de la bande de Gaza et l’entourage du premier ministre a laissé fuiter que ce dernier « a pris la décision d’occuper entièrement la bande de Gaza, y compris d’effectuer des opérations dans les zones où des otages sont retenus ».
En Conseil des ministres, le dirigeant israélien a annoncé qu’il convoquerait « cette semaine » son cabinet pour « donner des instructions » à l’armée « sur la manière d’atteindre les trois objectifs de guerre que nous avons fixés ». Benyamin Netanyahou et son gouvernement, composé d’une coalition avec un parterre de suprémacistes, joue une nouvelle fois la montre, utilisant une population qui oscille entre la famine et les massacres à des fins politiciennes.
« Sous réserve de plusieurs critères et d’un contrôle rigoureux »
Mardi matin, le Cogat, un organisme du ministère de la Défense chargé de l’administration civile à Gaza, a ainsi autorisé l’entrée partielle de marchandises privées dans l’enclave palestinienne, de manière « contrôlée et progressive ». « L’objectif est d’augmenter le volume de l’aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la collecte de l’aide par les Nations unies et les organisations internationales », annonce le Cogat.
Un nombre limité de commerçants locaux seront autorisés à envoyer « des produits alimentaires de base, aliments pour bébés, fruits et légumes et articles d’hygiène (…), sous réserve de plusieurs critères et d’un contrôle de sécurité rigoureux ».
La communauté internationale peut bien presser Israël d’ouvrir le territoire réduit en ruines, Tel-Aviv préfère garder le contrôle. Laisser des organisations humanitaires entrer revient à dévoiler au monde l’ampleur du massacre. « Refuser l’accès à la nourriture aux civils peut constituer un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité », a ainsi répété, lundi 3 août, le Haut-Commissaire des Nations unies (ONU) aux droits de l’Homme, Volker Türk.
Au moins 1 373 Palestiniens ont été tués depuis la mise en place, le 27 mai dernier, de la distribution d’aide via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), soutenue par Israël et financée par les États-Unis. Un moyen de contrôler les flux de nourritures et concentrer en un seul et même endroit une population transformée en chair à canon.
En Israël, le cabinet du premier ministre multiplie les manœuvres pour assurer la poursuite du génocide. Le gouvernement a voté, lundi 3 août, à l’unanimité en faveur du limogeage de la procureure générale Gali Baharav-Miara. La justification du ministre de la Justice, Yariv Levin : « Elle ne devait pas chercher à s’imposer à un gouvernement qui n’a pas confiance en elle et ne peut pas travailler efficacement avec elle. »
Gali Baharav-Miara est connue pour ses critiques récurrentes envers la politique de Benyamin Netanyahou. Elle avait notamment élevé le ton suite à la tentative du premier ministre, en mai dernier, de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar. Ce dernier avait impulsé une enquête visant des proches de Benyamin Netanyahou soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin du Qatar.
La procureure générale, aussi conseillère juridique du gouvernement, avait pourtant interdit de le limoger en arguant que Benyamin Netanyahou était en situation de « conflit d’intérêts ».
« Garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël »
Si cette décision a été immédiatement suspendue par la Cour suprême après des recours du parti d’opposition Yesh Atid et d’ONG – qui seront examinés d’ici trente jours -, le mal est fait. Benyamin Netanyahou ne cache plus son autoritarisme ni ses ambitions.
Le premier ministre souhaite ainsi « vaincre l’ennemi, libérer nos otages et garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël ». Avec un territoire asphyxié depuis plusieurs décennies et, maintenant, au moins 60 933 morts depuis octobre 2023, la « menace » qu’incarnent les Gazaouis sert surtout d’épouvantail.
Le Jerusalem Post, courroie de transmission officieuse du pouvoir israélien, citant une source anonyme au bureau du premier ministre, a ainsi annoncé, mardi 4 août, que Benyamin Netanyahou souhaite lancer l’annexion de Gaza.
L’Autorité palestinienne a dénoncé ces « fuites sur l’occupation de Gaza » et a appelé la communauté internationale à « intervenir de toute urgence pour empêcher leur mise en œuvre, qu’il s’agisse d’une forme de pression, de ballons d’essai pour jauger les réactions internationales, ou qu’elles soient véritablement sérieuses ». Un énième appel au secours dont le destin pourrait être semblable aux dizaines l’ayant précédé. À savoir, rester lettre morte.
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