Accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance, Benyamin Netanyahou est arrivé au tribunal de Tel-Aviv pour son procès

Il aura fait tout son possible pour éviter ce procès. Après de multiples retards, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est rendu à la barre du tribunal de Tel-Aviv, ce mardi 10 décembre, à 10 heures. Accusé de corruption, de fraude et d’abus de confiance par d’anciens proches collaborateurs, il est le premier chef du gouvernement israélien en exercice à être jugé au pénal. Pour des raisons de sécurité, le procès a été délocalisé de Jérusalem à Tel-Aviv, où le premier ministre doit être auditionné dans une pièce souterraine.

Benyamin Netanyahou, par ailleurs visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour avoir commandité un génocide dans la bande de Gaza, a pourtant usé de tous les recours possibles pour repousser l’échéance. Le procès, qui s’est ouvert en mai 2020, a déjà vu plusieurs dizaines de témoins être entendues, mais avait été interrompu juste avant l’audience du premier ministre, par le conflit en cours au Proche-Orient. Benyamin Netanyahou avait alors déposé plusieurs demandes de report de la procédure en invoquant la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023.

« Agenda chargé et contexte de guerre »

Prévue pour le 2 décembre dernier, l’arrivée de Benyamin Netanyahou a été une nouvelle fois repoussée, après que ses avocats ont demandé un report à mars 2025. « Le premier ministre n’avait pas eu le temps de se préparer suffisamment à cause de son agenda chargé et du contexte de guerre », ont-ils prétexté. De même, la chute du régime dirigé par Bachar Al-Assad, en Syrie, a motivé une douzaine de ministres à envoyer, lundi 9 décembre, une lettre à Gali Baharav-Miara, procureure générale de l’État d’Israël pour qu’il repousse le procès ultérieurement.

Demande refusée par la justice israélienne, qui a déplacé l’audience à ce mardi 10 décembre. L’accusation a fait valoir qu’il était dans l’intérêt du public que le procès se termine le plus rapidement possible, et le tribunal a rejeté ces requêtes, consentant néanmoins à une réduction occasionnelle de la durée des audiences.

« Je parlerai » devant le tribunal et « je ne fuis pas », a par la suite assuré Benyamin Netanyahou, lors d’une conférence de presse, organisée dans la soirée de ce lundi 9 décembre. « Cela fait huit ans que j’attends ce jour, huit ans que je veux présenter la vérité, huit ans que j’attends pour démolir ces accusations absurdes et infondées portées contre moi », affirme le premier ministre, qui n’a cependant pas hésité à qualifier cette affaire de « chasse aux sorcières impitoyable ».

Benyamin Netanyahou et son épouse, Sara, sont accusés d’avoir accepté pour plus de 260 000 dollars de produits de luxe (cigares, bijoux, champagne) de la part de milliardaires, notamment du producteur hollywoodien d’origine israélienne Arnon Milchan et de l’homme d’affaires australien, James Packer, en échange de faveurs politiques. Le premier ministre est aussi poursuivi pour avoir tenté de négocier une couverture plus favorable de la part d’Arnon Mozes, éditeur du quotidien Yedioth Aharonoth, premier quotidien national payant, en échange de la promesse d’une loi qui aurait entravé la circulation du journal gratuit Israel Hayom, titre le plus lu en Israël.

Benyamin Netanyahou est enfin accusé d’avoir tenté de faciliter une fusion souhaitée par un ami proche, Shaul Elovitch, alors actionnaire majoritaire du plus grand groupe de télécommunications du pays, Bezeq, en échange d’une couverture favorable de sa politique sur le site web d’information populaire Walla, également propriété de Shaul Elovitch.

Les opposants à Benyamin Netanyahou voient dans la tenue du procès l’occasion que justice soit enfin rendue contre un homme politique prêt à tout pour rester au pouvoir. Ils affirment également que le premier ministre israélien a utilisé la guerre en cours depuis 14 mois comme prétexte pour échapper à un jugement qui a toutes les chances de le reconnaître coupable. Benyamin Netanyahou doit être entendu trois jours par semaine, entre 10 heures et 16 heures, et ce, pendant plusieurs mois. Au vu de l’ampleur de l’affaire et de l’accusé, un verdict ne devrait néanmoins pas tomber avant plusieurs années.

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