Les routes sinueuses du cinéma français
La nouvelle a retenti de part et d'autre de l’Atlantique : à quelques jours du festival de Cannes, Donald Trump a évoqué ce lundi 5 mai 2025, la possibilité d’instaurer des droits de douane de 100% sur l’importation de films étrangers aux États-Unis.
Difficile à instaurer, puisque Donald Trump devra prouver que les films étrangers représentent un risque pour la sécurité nationale des États-Unis, et pour l’instant floue, cette menace inquiète tout de même Outre-Atlantique. "Si ce que l’on appelle, le minimum garanti, c’est-à-dire l’avance que je demande pour un film, venait à doubler, je ne suis pas sûr qu’on me l'achèterait", témoigne Éric Lagesse, PDG de la société de distribution Pyramides au micro de Tout Public.
Pour le distributeur, cette décision reviendrait "à mettre en péril de très belles salles américaines et à appauvrir le niveau de culture américain en termes de cinéma". Car si l’exportation de films français aux États-Unis représente 10 à 20% du chiffre d'affaires de sa société, "le film américain, c'est 50 % au bas mot de part de marché en France. C’est énorme."
“Le vrai problème, c'est comment les œuvres peuvent circuler. Aux États-Unis, ils ont peut-être moins besoin de films européens que l'Europe a besoin de films américains et c'est là le vrai déséquilibre et la problématique d’avoir, de notre côté, des mesures de rétorsion .”
Eric Lagesseà franceinfo
Selon Éric Lagesse, il n'y a qu'une seule solution, celle d’"une réponse européenne. Parce que là, on parle d'identité de la culture, qui vient aussi beaucoup d'Europe, qu'elle soit française, italienne, allemande ou tchèque".
Cinq réalisateurs racontent leurs premiers films dans le nouveau livre d’Ava Cahen
"Avec plein de difficultés et plein d'obstacles, on peut quand même faire son premier film, arriver jusqu'au Festival de Cannes et faire sa première mondiale à Un certain regard ou à la semaine de la critique." Voilà la morale de Nos premiers films, le nouveau livre d’Ava Cahen.
La journaliste cinéma retranscrit cinq conversations avec cinq réalisateurs français, de genres variés, pour revenir sur leurs premiers films, de l'écriture du scénario à leur distribution en salles. Alexis Langlois pour Les reines du drame, Baloji pour Augure ou Iris Kaltenbäck pour Le Ravissement, tous revivent les dessous de leur première longue création. Pour cette dernière par exemple, Ava Cahen se souvient au micro de Tout Public que "pour pouvoir, aller au bout de sa détermination, elle est épaulée par deux producteurs, qui lui donnent vraiment toute la latitude pour aller au bout de sa détermination. C'est un vrai compagnonnage que raconte ce livre. C'est une mise en lumière du trio réalisateur, réalisatrice, producteur."
“Je crois que ce qui est fort quand on découvre un premier long-métrage, c'est qu'on rencontre vraiment un auteur. On rencontre sa voix, son esthétique, son style (...). Tous et toutes, dans ce livre, ont des voix très singulières.”
Ava Cahenà franceinfo
Loin des clichés selon lesquels un premier film serait, en France, plus facile à financer qu’ailleurs, l’autrice et ses interlocuteurs montrent la nécessité, "par la force des intentions et des mots, d’arriver à embarquer toute une équipe avec soi. On peut ne pas avoir l'avance sur recette [aide du CNC à la création d’un premier long-métrage] et quand même trouver d'autres solutions pour financer son film".
Selon Ava Cahen, "tous ces parcours, tous ces récits donnent la foi. Véritablement, ce livre, si de jeunes cinéastes, d'apprentis cinéastes, s'en emparent, je ne crois pas que ça va les décourager. Je crois qu'au contraire, c'est très dur de faire un premier film, mais il y a des solutions et on peut mettre en place une équipe qui soit totalement dévouée, dédiée à ça."
Nos premiers films (aux éditions Marest), d'Eva Cahen, disponible en librairie.
Une émission avec la participation d'Augsutin Arrivé, journaliste à franceinfo.