Corée du Sud : le président Yoon accepte de répondre aux questions de son procès en destitution

Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk-yeol a déclaré mardi 21 janvier devant la Cour constitutionnelle qu'il répondrait à toutes les questions lors des audiences de son procès en destitution suite à la loi martiale qu'il avait décrétée. 

"Je répondrai à toutes les questions ou ferai d'autres remarques si nécessaire", a déclaré à un juge Yoon Suk-yeol, qui a été autorisé à sortir du centre de détention où il est incarcéré dans le cadre d'une enquête criminelle.

Le président suspendu s'est vu confisquer le pouvoir le 14 décembre par l'Assemblée nationale, qui a adopté une motion de destitution contre lui pour son éphémère imposition de la loi martiale 11 jours plus tôt.

Les huit juges de la Cour constitutionnelle ont jusqu'à la mi-juin pour entériner cette sanction et le démettre définitivement, ou lui rendre son siège. Six voix sont requises pour éventuellement confirmer sa déchéance.

Le dirigeant conservateur, qui avait résisté à une première descente sur mandat des autorités, a été arrêté et placé en détention le 15 janvier. Un fait sans précédent pour un chef de l'État sud-coréen titulaire, qu'il reste officiellement jusqu'à la décision de la Cour.

Son équipe juridique et lui tentent de défendre l'idée selon laquelle cette mesure choc était nécessaire face à une fraude électorale, l'opposition ayant remporté haut la main le scrutin législatif d'avril 2024. Avec à la clef une majorité écrasante au Parlement.

Yoon Suk-yeol a plusieurs fois évoqué des "forces communistes nord-coréennes" et autres "éléments hostiles" qui menaceraient la Corée du Sud, notamment lors de son discours de proclamation de la loi martiale.

L'ancien procureur vedette, qui n'était pas apparu aux deux premières audiences des 14 et 16 janvier, est le seul président sud-coréen à être venu à son procès en destitution.

Ni Park Geun-hye (destituée puis emprisonnée) ni Roh Moo-hyun (rétabli) n'ont assisté aux leurs.

En cas de destitution, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours.

"Refus continu de coopérer"

Yoon Suk-yeol est accusé d'avoir fait vaciller la jeune démocratie sud-coréenne en déclarant par surprise la loi martiale le 3 décembre, dans un coup de force qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire.

Des policiers prennent position pendant que des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, détenu et suspendu de ses fonctions, participent à un rassemblement à l'entrée du centre de détention de Séoul, le 16 janvier 2025
Des policiers prennent position pendant que des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, détenu et suspendu de ses fonctions, participent à un rassemblement à l'entrée du centre de détention de Séoul, le 16 janvier 2025 © YASUYOSHI CHIBA / AFP/Archives

Au sein du Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés était toutefois rapidement parvenu à déjouer ses plans, alors que des milliers de manifestants prodémocratie criaient leur indignation dehors.

Yoon Suk-yeol est visé par plusieurs enquêtes dont une pour "rébellion", un crime passible de la peine de mort. En détention provisoire, il repousse les convocations du CIO, l'agence anticorruption qui centralise les investigations criminelles sur lui et veut l'interroger.

Le CIO a expliqué dans un communiqué avoir tenté de le contraindre à obtempérer mais dit s'être heurté à son "refus continu de coopérer".

Des policiers montent la garde à côté des murs endommagés d'un tribunal de Séoul, le 20 janvier 2025, après que des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol ont pris d'assaut le bâtiment le 19 janvier
Des policiers montent la garde à côté des murs endommagés d'un tribunal de Séoul, le 20 janvier 2025, après que des partisans du président sud-coréen Yoon Suk Yeol ont pris d'assaut le bâtiment le 19 janvier © Jung Yeon-je / AFP/Archives

Avant l'aube dimanche, des centaines de ses partisans en furie ont pris d'assaut le tribunal responsable de son maintien derrière les barreaux.

Yoon Suk-yeol avait, la veille, comparu devant les juges, une première depuis sa mesure choc. Avec comme objectif, selon son équipe juridique, de "restaurer son honneur" en expliquant "la légitimité de la loi martiale".

Des dizaines de personnes ayant participé à l'attaque sans précédent du palais de justice ont été arrêtées, a rapporté lundi la police, faisant état de 51 blessés dans ses rangs.

Avec AFP