En Corée du Sud, Yoon s'accroche au pouvoir, son parti votera contre la motion de censure
Le président conservateur sud-coréen Yoon Suk Yeol s'accroche au pouvoir jeudi 5 décembre, son parti annonçant qu'il fera échec à une motion en destitution déposée au Parlement par l'opposition après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
Yoon Suk Yeol avait semé la stupeur en Corée du Sud mardi soir en décrétant la loi martiale et en ordonnant à l'armée d'investir le Parlement, avant de faire volte-face six heures plus tard sous la pression des députés et des manifestants.
Six partis d'opposition ont déposé mercredi une motion en destitution contre le président, l'accusant d'avoir "gravement violé la Constitution et la loi". Cette motion sera soumise au vote samedi, selon l'agence de presse Yonhap.
La motion devant être adoptée à une majorité des deux tiers, la défection d'au moins huit députés du parti présidentiel sera donc nécessaire pour entraîner la chute de Yoon Suk Yeol.
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Jeudi, le chef de file du PPP au Parlement, Choo Kyung-ho, a affirmé que sa formation voterait contre. "L'ensemble des 108 députés du Parti du pouvoir au peuple resteront unis pour rejeter la destitution du président", a-t-il dit à la presse.
Choo Kyung-ho a toutefois ajouté qu'il avait demandé à Yoon Suk Yeol de quitter le parti. Le PPP "n'est pas en train d'essayer de défendre la loi martiale inconstitutionnelle du président", a-t-il assuré.
Si la motion est adoptée, Yoon Suk Yeol sera suspendu de ses fonctions dans l'attente d'une confirmation de sa destitution par la Cour constitutionnelle. Si les juges donnent leur feu vert, il quittera le pouvoir et une nouvelle élection présidentielle devra être organisée sous 60 jours.
Démission du ministre de la Défense
Yoon Suk Yeol n'est pas apparu en public depuis son dernier discours à la télévision nationale, mercredi à l'aube, pour annoncer la levée de la loi martiale qu'il avait décrétée la veille au soir.
Son bureau a annoncé jeudi la démission du ministre de la Défense, Kim Yong-hyun. Mais les autres proches du président, dont le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min, restent à leurs postes.

Mercredi, des milliers de Sud-Coréens ont manifesté à Séoul pour réclamer le départ du président. D'autres rassemblements sont prévus jeudi.
"Notre démocratie sera piétinée si nous laissons Yoon Suk Yeol au pouvoir un instant de plus", a affirmé un manifestant, Park Su-hyung, 39 ans.
"Il fallait que je sois là ce soir, le président est fou", a jugé pour sa part Choi Moon Jung, 55 ans.
Dans un contexte de difficultés à adopter le budget 2025, le président avait justifié ce coup de force en disant vouloir "éliminer les éléments hostiles à l'État" et "protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes".
Avec AFP