Jugé pour "insurrection", le président sud-coréen Yoon Suk-yeol dit avoir voulu empêcher une "dictature"

La première audience du procès pénal du président sud-coréen Yoon Suk-yeol, accusé d'"insurrection" pour avoir tenté d'imposer la loi martiale en décembre, s'est tenue jeudi 20 février devant le tribunal central de Séoul. L'avocat du dirigeant, par ailleurs visé par une procédure en destitution, a soutenu que son client avait agi pour empêcher une "dictature législative". Il s'agit du premier procès pénal d'un président en exercice dans l'histoire de la Corée du Sud.

Yoon Suk-yeol, 64 ans, est accusé par la justice coréenne d'"insurrection", un crime passible de la peine de mort ou de la prison à vie, et qui n'est pas couvert par son immunité présidentielle. Arrêté le 15 janvier après s'être retranché pendant des semaines dans sa résidence de Séoul, le président a été inculpé et placé en détention provisoire pour six mois, au-delà desquels il devra être libéré s'il n'a pas été condamné. Le parquet a requis jeudi son maintien en détention, invoquant "la possibilité que l'accusé influence ou persuade les personnes impliquées dans l'affaire".

Une loi martiale "symbolique"

Yoon Suk-yeol n'a pas pris la parole durant cette première audience, consacrée à des questions de procédure. Son avocat a pour sa part demandé au tribunal d'annuler l'acte d'inculpation, fruit selon lui d'une "enquête illégale". "La déclaration de la loi martiale n'avait pas pour but de paralyser l'Etat, mais plutôt d'alerter l'opinion publique sur la crise nationale provoquée par la dictature législative du parti dominant de l'opposition, qui avait paralysé l'administration", a plaidé son conseil. 

"Symboliquement, pour souligner le problème de la dictature parlementaire, seule une petite force de 280 soldats a été déployée, strictement pour maintenir l'ordre, avec des instructions claires selon lesquelles ils ne devaient pas être équipés de balles réelles, a-t-il ajouté. En outre, le déploiement effectif des forces n'a eu lieu qu'après la déclaration, et aucune personne n'a été blessée."

Yoon Suk-yeol reste officiellement président dans l'attente du verdict de la Cour constitutionnelle dans l'autre procédure qui le vise. Si la juridiction confirme la destitution du chef d'Etat par le Parlement, une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les soixante jours. Dans le cas contraire, le conservateur sera réinstallé dans ses fonctions.