Droits de douane : les Bourses mondiales en «euphorie» après la volte-face de Donald Trump

La débâcle des marchés mondiaux s'est transformée en «euphorie» jeudi après le spectaculaire revirement de Donald Trump sur les droits de douane imposés au reste du monde à l'exception de la Chine. Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a annoncé mercredi à Washington une suspension pendant 90 jours des taxes à l’importation contre des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l’Union européenne, en principe en vigueur depuis mercredi 04H01 GMT.

Le ton reste cependant le même face à la Chine, exception à la trêve sur les droits de douane. Donald Trump a même annoncé mercredi durcir les surtaxes visant Pékin en raison d’un supposé «manque de respect», les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant.

  • Une envolée en Europe

En Europe, les principaux indices se sont envolés dès l'ouverture. Vers 07H30 GMT, la Bourse de Paris décollait de 6,35%, celle de Francfort de 6,57%, Londres de 4,66% et Milan de 6,83%. La Bourse suisse décollait de 5,69%.

  • Regain de confiance en Asie

À Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a terminé sur un bond de plus de 9%, et à Séoul, l'indice Kospi a gagné 6,6%. Les indices boursiers chinois gardent le cap. Dans les derniers échanges, à Hong Kong, l’indice vedette Hang Seng prenait 2,46%. L’indice composite de Shanghai gagnait 1,16%, celui de Shenzhen 2,25%.

  • Dans le sillage des États-Unis

Les Bourses suivent «l'euphorie de Wall Street» de mercredi, note John Plassard, analyste chez Mirabaud. L'indice Dow Jones s'est envolé de 7,87% et le Nasdaq de plus de 12%, signant leur meilleure séance depuis 2008 avec l'annonce de la volte-face de Donald Trump sur ses droits de douane. «Avec Trump empruntant temporairement une voie de désescalade, les marchés ont vivement rebondi», commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.

«La prudence reste de mise», tempère cependant Jochen Stanzl, de CMC Market, rappelant que «les droits de douane universels de 10% sont toujours en vigueur». Prédire le prochain volet de la guerre commercial «est quasiment impossible», les États-Unis ayant totalement «dévié du scénario habituel», note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, pour qui «les incertitudes vont persister».

  • Surveillance du taux d’emprunt des États-Unis

Bien que l'administration américaine a nié que la décision de suspendre les droits de douane soit liée à la pression des marchés, «les commentaires de Trump ont montré une certaine sensibilité au stress financier», note Jim Reid. Il a reconnu mercredi qu'il surveillait la chute du marché américain de la dette, ou marché obligataire, avant de décider de sa pause, ajoutant devant la presse avoir constaté que ses surtaxes douanières «effrayaient un peu».

Les taux d'emprunts américains avaient connu une flambée mercredi, jusqu'à 4,5%, signe de la fuite des investisseurs, après avoir été plébiscités en tant que valeur refuge, car elles offrent un rendement garanti pour les investisseurs. Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux d'intérêt va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu'ils jugent la dette d'un État plus risquée, ce qui fait monter le taux. Le taux auquel les États-Unis empruntent à échéance dix ans atteignait 4,32% vers 07H30 GMT contre 4,34% à la clôture mercredi.

  • L'or proche du record

L'or, considéré comme la valeur refuge par excellence, est à nouveau très demandé jeudi «malgré le retour des investisseurs vers des actifs plus risqués», relève Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdow. «Les tensions persistantes avec la Chine et la perspective d'une inflation plus élevée sont deux moteurs de la demande», explique-t-il.

Il avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de vendre pour essuyer leurs pertes en pleine débâcle boursière et tempête douanière. Vers 07H30 GMT, l'once d'or gagnait 0,97% à 3.112,69 dollars, tutoyant son record à plus de 3.167 dollars l'once.

  • Des prix en baisse pour le pétrole

Côté pétrole, les prix plient après les montages russes de la veille, attentifs à «l'escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine», note Matt Britzman. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,45% à 64,53 dollars, quand son équivalent américain, le WTI cédait 1,33% à 61,52 dollars.