Génocide, Mazan, Maga 2.0, "Parade"… Les mots et expressions de l’année 2024
Dissolution

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Le 9 juin, le second quinquennat d’Emmanuel Macron bascule avec sa décision surprise de dissoudre l’Assemblée nationale. Le chef de l’État fait cette annonce à l’issue des élections européennes remportées par l’extrême droite. Pour la sixième fois de la Ve République, les électeurs français sont renvoyés aux urnes pour élire ou réélire leurs députés de manière anticipée. Le temps presse : des législatives sont convoquées trois semaines plus tard. À l’issue d’une campagne électorale express où le président espérait une clarification, la scène politique se trouve finalement encore plus morcelée entre le Nouveau Front populaire, la coalition présidentielle et le Rassemblement national.
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"Parade"

Des violons qui démarrent doucement, qui laissent ensuite place au symphonique puis à un battement de cœur avant une explosion de musique électronique… Cette composition du directeur musical de Paris 2024, Victor Le Masne, ne vous est certainement pas inconnue. Durant plusieurs semaines cet été, l’hymne officiel des Jeux olympiques et paralympiques de Paris a résonné quotidiennement aux quatre coins de la capitale française, rythmant les médailles de la France et des autres nations avec une musique tantôt douce, tantôt entraînante. "Parade" est, à n’en pas douter, un incontournable de cette année et sera sûrement encore pendant longtemps une madeleine de Proust musicale des JO 2024.
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Génocide

Durant cette année, le mot a été utilisé à plusieurs reprises pour qualifier les actions militaires d’Israël dans la bande Gaza – et les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement contesté ces accusations. Saisie par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice a d’abord appelé en janvier Israël à faire tout son possible pour protéger la population de Gaza des risques de génocide. Plusieurs experts de l’ONU et diverses ONG ont, ensuite, accusé l’État hébreu de génocide dans l’enclave palestinienne – Amnesty international, Human Rights Watch ainsi que Médecins sans frontières. Les trois organisations ont étayé cette accusation sur plusieurs centaines de pages au total. Plus de 45 000 personnes ont été tuées et plus de 107 000 blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, il y a plus de 14 mois, selon le ministère de la Santé du Hamas.
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"Narchomicide"

C’est un mot-valise désormais fréquemment utilisé par les médias français pour définir un phénomène en essor dans la guerre que se livrent les trafiquants de drogue, notamment à Marseille. Quelque 42 meurtres répondent à la définition du "narchomocide" – contraction de "narcobanditisme" et d’"homicide" – sur les six premiers mois de l’année 2024. Cette tendance constitue "une inquiétude majeure" pour les autorités, au point que le gouvernement démissionnaire l’a érigée en "cause nationale", en novembre dernier. Ce phénomène interroge la stratégie de la surenchère répressive de l’exécutif et rappelle aussi que d’autres politiques sont possibles.
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Mazan

Le nom de cette petite commune du sud de la France restera pendant longtemps rattaché au procès dit des viols de Mazan. Pendant plus de trois mois, du 2 septembre au 19 décembre, Gisèle Pelicot a fait face à son ex-mari et à 50 autres hommes. Ces derniers ont été jugés à Avignon par la cour criminelle du Vaucluse, accusés de l’avoir violée pendant son sommeil sur la période 2011-2020 alors qu’elle était soumise chimiquement par Dominique Pélicot. À l’issue d’un procès très médiatisé, en France comme à l’étranger, les accusés ont été condamnés à des peines allant de trois à 20 ans de prison. Et Gisèle Pelicot est devenue une femme à l’avant-garde de la lutte contre le viol.
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"Brain rot" (ou "pourriture cérébrale")
Il a été désigné mot de l’année 2024 par l’Oxford University Press. Le "brain rot", littéralement "pourriture cérébrale", est consacré par la maison d’édition universitaire britannique, qui le définit comme "détérioration supposée de l'état mental ou intellectuel d'une personne, notamment considérée comme le résultat d'une surconsommation de matériel [en l’occurrence, de contenu en ligne] considéré comme trivial ou peu stimulant." Les réseaux sociaux sont notamment cités comme grands pourvoyeurs de "brain rot". Un mot qui ne reflète pas que les maux de notre époque : sa première utilisation connue remonte… à 1854, par le philosophe américain Henry David Thoreau. Il avait alors employé cette expression pour critiquer la société, qui a tendance à privilégier les idées simples aux idées complexes.
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Maga 2.0

On pensait le slogan "Make America great again" (Maga) passé de mode, mais celui-ci est pourtant redevenu d’actualité cette année. Quatre ans après sa défaite – qu’il n’a jamais reconnue – face à Joe Biden, Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis en l’emportant nettement face à Kamala Harris, le 5 novembre. À 78 ans, l’homme d'affaires a réalisé l'un des plus grands come-back de l'histoire politique mondiale, résistant à tous les vents contraires, que ce soit face à la justice ou quand on a tenté de l’assassiner. Entouré d’une garde rapprochée allant d’Elon Musk à un ancien caddy de golf, en passant par un suprémaciste blanc, Donald Trump sera investi le 20 janvier prochain à la tête de la première puissance mondiale.
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"Gloubi-boulga"
Du chocolat en poudre, de la confiture de fraises, de la banane écrasée, de la moutarde et de la saucisse de Toulouse tiède… Ce mélange infâme est la recette du "gloubi-boulga" inventé par Casimir dans les années 1970. Un demi-siècle après son invention par le dinosaure orange qui animait "L’île aux enfants", l’expression populaire a eu le vent en poupe cette année parmi les politiques français. Après la dissolution et le morcellement des forces politiques qui en a découlé, le "gloubi-boulga" est devenu un élément de langage à part entière pour désigner la situation dans laquelle la France est plongée depuis des mois.
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Notre-Dame

Plus de cinq ans après l’incendie qui l'a en partie détruite, Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes au mois de décembre. La cathédrale a été reconstruite au terme d’un colossal chantier : elle a été restaurée, nettoyée, garnie d’un nouveau mobilier… Des fouilles archéologiques y ont même été entreprises, révélant de multiples trésors et peut-être même la dépouille du poète français Joachim du Bellay.
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Astro Bot

L’un des mots de l’année en matière de jeu vidéo. Astro Bot, jeu de plateforme mettant en scène les aventures spatiales d'un petit robot, a été élu en décembre meilleur jeu vidéo de l’année lors des Game Awards 2024 à Los Angeles. Outre ce titre, Astro Bot a aussi été élu meilleur jeu familial, meilleure réalisation et meilleur jeu d'action/aventure. Derrière ce succès : Nicolas Doucet, un Français de 46 ans originaire du Sud-Ouest qui dirige le studio japonais Team Asobi. "Je me souviens qu’enfant, à Noël 1989, j’ai reçu une boîte grise dans laquelle se trouvait un jeu appelé 'Super Mario Bros', un jeu génial", a-t-il glissé en clin d’œil et hommage à Nintendo.
"Solo el pueblo salva al pueblo"
Littéralement "Seul le peuple sauve le peuple", ce slogan espagnol est devenu populaire dans la région de Valence. Cette partie de l’Espagne a été frappée mortellement, fin octobre, par des inondations consécutives à des pluies diluviennes, donnant lieu à une la vague spontanée de solidarité qui s’est organisée pour pallier les errements supposés des autorités. Une grande partie de la population espagnole, en colère, a protesté contre la classe politique espagnole qu’elle accuse d'avoir sous-estimé les risques et mal coordonné les secours. En plus du drame humain, cette catastrophe naturelle a aussi engendré des risques sanitaires.
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"Loup polaire"

C’est le surnom de la colonie pénitentiaire IK3, isolée dans l’Arctique russe et réputée pour ses conditions de détention particulièrement dures. C’est là, à plus de 3 000 kilomètres de Moscou, qu’Alexeï Navalny était détenu, et c'est là qu'il est mort en février. Le plus célèbre opposant de Vladimir Poutine y purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". Ses multiples procès ont été largement dénoncés comme étant une manière de le punir pour s’être opposé au président russe. Si Alexeï Navalny n’avait guère d’espoir pour son cas personnel et s’attendait à mourir en prison, il a laissé une trace chez les Russes opposés à la guerre en Ukraine notamment avec l'initiative symbolique "Midi contre Poutine".
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Orechnik
Alors que l’invasion russe de l’Ukraine à grande échelle dure depuis bientôt trois ans, un nouveau mot a fait son entrée dans le conflit fin novembre. Après que Kiev a utilisé pour la première fois depuis février 2022 des missiles américains ATACMS à longue portée pour frapper en profondeur le territoire russe, Moscou a répliqué en testant en conditions réelles son nouveau missile balistique hypersonique nommé Orechnik. Vladimir Poutine a vanté ce missile, affirmant que "personne d'autre dans le monde" ne possède pour l'instant ce type d'armement. Les belligérants continuent de faire parler les armes sur le terrain, mais ce pourrait bientôt être au tour du langage diplomatique de dénouer ce conflit - avec un plan de paix très russo-compatible porté par l’administration du président-élu Donald Trump.
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HTC

Ce sigle désigne le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham (HTC, aussi connu comme HTS), à l'origine de la fin de la fin de 50 ans de règne sans partage du clan Assad en Syrie. En seulement 11 jours, les rebelles syriens menés par le HTC ont mené une offensive éclair, conduisant Bachar al-Assad à quitter le pouvoir et mettant fin à plus de 13 ans de guerre civile qui a fait moins un demi-million de morts. Menée par Ahmed al-Charaa, le leader islamiste nouvel homme fort du pays, la coalition au pouvoir – qui mène désormais une opération séduction - affirme que sa "priorité est de reconstruire".
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