L'Allemagne reproche à Musk d'essayer "d'influencer" les élections en soutenant l'extrême droite
L'ombre de l'homme le plus riche du monde plane sur le scrutin prévu le 23 février 2025 en Allemagne. "Elon Musk essaie d'influencer les élections fédérales par ses déclarations", a déclaré, lundi 30 décembre, Christiane Hoffmann, porte-parole adjointe du gouvernement, lors d'un point-presse régulier.
"Il est libre d'exprimer son opinion", mais celle-ci équivaut, a-t-elle souligné, à "une recommandation électorale pour un parti qui est surveillé" par le Renseignement intérieur allemand, "car il est soupçonné d'être d'extrême droite" et a déjà "été reconnu" par la justice comme tel.
Cette qualification en Allemagne pour un mouvement politique peut justifier une surveillance policière en raison de craintes d'atteinte à l'ordre constitutionnel.
Le quotidien Die Welt a publié, samedi 21 décembre, une tribune croisée dans laquelle le patron de X, SpaceX et Tesla assure que l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est "la dernière lueur d'espoir" pour l'Allemagne. Il y estime "clairement fausse" la classification de cette formation à l'extrême droite. Il rappelle que la candidate de l’AfD à la chancellerie, Alice Weidel, vit avec une homosexuelle originaire du Sri Lanka. "Est-ce que cela vous fait penser à Hitler ? S'il vous plaît !", assure-t-il.
La publication de cette tribune, assortie d’une réponse signée par le rédacteur en chef du journal Jan Philipp Burgard, suscite une large polémique en Allemagne et au sein du journal. La responsable des pages opinions du journal, Eva Marie Kogel, a choisi de démissionner pour exprimer son désaccord avec ce choix éditorial.
Le chancelier Scholz qualifié de "fou" et d'"imbécile incompétent"
L'homme le plus riche du monde réaffirmait une position déjà exprimée le 20 décembre dans un message sur X qui avait créé le malaise dans le pays en pleine campagne pour les élections. "Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne", avait-il écrit sur X, une plateforme dont il est propriétaire.
Le chancelier Olaf Scholz n'avait alors pas caché son malaise, en déclarant que "la liberté d'expression vaut aussi pour les milliardaires". Les relations entre les deux hommes sont tendues depuis plusieurs mois, Elon Musk ayant traité Olaf Scholz de "fou" dans la foulée de l'éclatement, le 6 novembre, de la coalition gouvernementale en Allemagne.
L'AfD est créditée en moyenne de 19 % des intentions de vote dans les sondages, deuxième derrière l'opposition conservatrice, en tête avec 32 %.
L'embarras en Allemagne est à la mesure de l'influence grandissante que semble prendre le multimilliardaire au sein de la future présidence Trump. Il doit en effet prendre la tête du "Département de l'efficacité gouvernementale".
Le 20 décembre, après l'attaque à la voiture-bélier contre le marché de Noël de Magdebourg, Elon Musk a qualifié Olaf Scholz d'"imbécile incompétent" et l'a appelé à démissionner.
"La liberté d'expression comprend également les plus grandes absurdités", a jugé à ce propos la porte-parole Christiane Hoffmann du chancelier allemand.
Le président du parti social-démocrate, Lars Klingbeil, a, lui, comparé le comportement d'Elon Musk à celui du président russe Vladimir Poutine : "Tous les deux veulent que l'Allemagne soit affaiblie et plongée dans le chaos".
Bien placé pour devenir le prochain chancelier, le conservateur Friedrich Merz a également fustigé la tribune pro-AfD d'Elon Musk, jugée "intrusive et prétentieuse".
Avec AFP