Droits de douane : l'étonnant silence de l'Organisation mondiale du commerce face au séisme déclenché par Donald Trump
L'Organisation mondiale du commerce, qui célèbre d'ailleurs ses 30 années d'existence, est souvent appelée le "gendarme du commerce international". Elle est pourtant, en cette période instable, aux abonnés absents. Impuissante face au bulldozer Trump qui détruit toutes les règles qu'elle a instaurées depuis les années 90.
L'OMC a prévenu que l'offensive de Donald Trump allait faire fondre le volume des échanges mondiaux de 1% cette année. Mais qui écoute encore l'organisation ? Pas grand-monde, selon Cédric Dupont, professeur de relations internationales au Graduate Institute de Genève. "Vous écoutez les ministres différents : ils sont tous en train d'essayer de négocier avec Washington, ou de voir ce qu'ils peuvent faire à Bruxelles ou Pékin. Mais à l'OMC, il ne doit pas y avoir beaucoup de gens dans les couloirs".
Touchée, mais pas coulée. L'OMC n'a certes aucun pouvoir de coercition contre un Etat qui ne respecterait pas ses engagements, mais veut-on se rassurer, les Etats-Unis ne représentent que 15% du commerce mondial.
"Le reste du monde pourrait se dire : on a un problème avec les Etats-Unis, on va le régler en-dehors, mais on va garder l'OMC pour stabiliser les 85% restants du commerce".
Cédric Dupontà franceinfo
Le pire est peut-être à venir pour l'OMC. Avec l'hypothèse, de plus en plus crédible, d'un retrait pur et simple des Etats-Unis. "D'autres pays, comme les Latino-Américains ou l'Amérique centrale, vont peut-être se dire : 'finalement si j'échange surtout avec les Etats-Unis, alors à quoi bon rester dans l'organisation' ?"
Un départ de Washington permettrait à l'OMC de pouvoir renouveler les juges de son organe d'appel, bloqué depuis le premier mandat du républicain. Maigre consolation, car à quoi cela servirait de régler des litiges commerciaux entre Etats, si le premier marchand du monde n'était pas concerné.