Groenland, accord de Paris, transidentité... Le vrai ou faux junior décrypte les premières annonces de Donald Trump

Dans les heures qui ont suivi son investiture, lundi 20 janvier, Donald Trump a publié une cinquantaine de décrets. Quels seront les effets des premières mesures de son second mandat à la Maison Blanche ? Le vrai ou faux junior repond aux questions des élèves des collèges Françoise Dolto à Sierentz, dans le Haut-Rhin et André Derain, à Chambourcy, dans les Yvelines.

Non, il ne peut pas légalement annexer le Groenland

Alan : "Dans son discours d'investiture, Donald Trump a réaffirmé son intention de mettre la main sur le Groenland. Est-ce possible ?"

Pour être tout à fait exact, Donald Trump a dit vouloir s'emparer du Groenland, non pas dans son discours d'investiture mais après, lors d'une discussion avec des journalistes qui étaient à la Maison Blanche. Si le président réélu convoite cette île, la plus grande du monde, c'est pour ses ressources naturelles (notamment les métaux rares et le pétrole) mais aussi pour sa situation géographique. Avec la fonte des glaces, le Groenland devient un lieu de passage stratégique sur les routes commerciales pour relier l'Arctique à l'Asie.

Légalement, le président ne peut pas annexer le Groenland. Il s'agit d'un territoire autonome qui fait partie du royaume du Danemark. En vertu d'un accord signé en 2008, le Groenland peut décider de prendre son indépendance, si les habitants de l'île l'approuvaient par referendum. Cet accord empêche également les autorités danoises de céder l'île à un autre pays. 

En résumé, c'est aux Groenlandais de décider de leur avenir. Et d'après Tore Keller, journaliste politique au quotidien danois Information, la plupart ne voient pas leur avenir avec Donald Trump : "Les cinq partis qui sont au Parlement maintenant sont contre l'idée de s'intégrer dans les Etats-Unis. Il y avait une conférence de presse cette semaine où ils ont tous dit ça. À part quelques individus, il n'y a personne, au Groenland, qui soit intéressé par l'idée de rejoindre les Etats-Unis. L'idée de l'indépendance, ça c'est quelque chose qui fait son chemin dans les esprits et dans la classe politique"

Oui, Donald Trump a menacé de quitter l'Otan

Coralie : "Est-il vrai que Trump menace de faire sortir les Etats-Unis de l'Otan ?"

Lors de sa campagne, en effet, Donald Trump a plusieurs fois menacé de quitter l'Alliance atlantique s'il retournait à la maison blanche. L'Otan est une alliance militaire et politique entre 32 pays occidentaux (dont la France). Elle a été créée pour protéger ces territoires et leurs population au lendemain de la Seconde guerre mondiale.

Le principal financeur de l'Otan, ce sont les Etats-Unis. Et si Donald Trump menace d'en sortir c'est justement parce qu'il estime que certains pays membres, comme la Finlande ou l'Estonie, ne donnent pas assez d'argent. Et ne méritent donc pas, selon lui, la protection de l'Otan face à la Russie. Reste à savoir si le président des Etats-Unis mettra sa menace de campagne à exécution.

Des ambitions climatiques à la baisse

Raphaël : "Donald Trump veut sortir de l'accord de Paris de 2015 sur le climat. Quels seraient les impacts sur le changement climatique ?"

Ce désengagement des Etats-Unis n'entrera en vigueur que dans un an, comme le stipule le règlement de l'accord de Paris. La conséquence de ce retrait, c'est que les émissions de carbone des Etats-Unis pourraient ne baisser que de 40% maximum d'ici 2030, alors que le pays s'était engagé à 60% de réductions. C'est une estimation réalisée par Carbon Brief, un média en ligne indépendant spécialisé dans l'analyse de données climatiques. À l'échelle de la planète, c'est une très mauvaise nouvelle parce que les Etats-Unis sont le deuxième plus gros emetteur de CO2, derrière la Chine.

Un impact sur le quotidien des personnes transgenres

Vincent : "Suite à son discours d'investiture sur la transidentité, peut-on dire que la politique menée par Donald Trump sera transphobe ?"

Donald Trump a déclaré : "Ce sera désormais la position officielle du gouvernement des Etats-Unis : il n'y a que deux sexes : féminin ou masculin". Ce positionnement n'est pas nouveau de la part de Donald Trump. Durant sa campagne, il avait déjà dit qu'il voulait mettre fin, "au délire transgenre". Une façon de dénigrer les personnes transgenres, c'est à dire les gens qui ne s'identifient pas au genre qui leur a été assigné à la naissance. Le président américain a donc tenu des propos transphobes.

Cette vision se traduit par la publication d'un décret qui va compliquer le quotidien des personnes transgenre aux Etats-Unis. Joe Biden avait introduit, en 2021, dans les passeports, en plus du sexe féminin et masculin, la possibilité de cocher la case "neutre". Une identité de genre à laquelle peuvent s'identifier les personnes trans ou non binaires. Donald Trump veut revenir en arrière en supprimant cette nouvelle case.

D'après les juristes et associations qui défendent les droits de la communauté LGBT, le décret va aussi compliquer l'accès aux soins de transition, comme les traitements hormonaux. Mais le président américain n'aura pas forcément le dernier mot : son décret pourra être contesté en justice.