En Italie, le gouvernement accorde la nationalité au président argentin Javier Milei et suscite un tollé à gauche

La Première ministre italienne Giorgia Meloni et le président argentin Javier Milei se rencontrent au Palais Chigi, à Rome, le 13 décembre 2024. Guglielmo Mangiapane / REUTERS

L’obtention de la nationalité italienne du président argentin devrait être officialisée ce samedi, à l’occasion du festival Atreju, organisé par le parti de la première ministre, Fratelli d’Italia.

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«Je suis à 75% italien», avait déclaré le président argentin Javier Milei lors d’une visite en Italie en février dernier. À l’issue de sa nouvelle visite dans le pays auprès de la première ministre Georgia Meloni, dont il est proche, ce week-end, il pourrait le devenir officiellement.

Selon la presse italienne, le gouvernement italien aurait décidé d’accorder la citoyenneté italienne au «Trump de la pampa», ainsi qu’à sa sœur cadette, Karina, secrétaire générale de la présidence au sein du gouvernement argentin. Tous deux se réclament descendants de grands-parents ayant émigré de la région de Calabre, au sud-ouest de l’Italie, vers l’Argentine.

«Cette concession confirme que la loi actuelle est incohérente»

Un traitement privilégié ultrarapide qui suscite un tollé à gauche de l’échiquier politique italien et sur les réseaux sociaux. «Il s’agit d’une discrimination intolérable à l’encontre de nombreux garçons et filles nés et élevés en Italie qui n’auront jamais la citoyenneté», s’est insurgé le député italien Riccardo Magi, secrétaire national des Radicaux, selon des propos rapportés par le quotidien Il Fatto Quotidiano. «Pourquoi cette procédure accélérée pour Milei, alors que d’autres qui demandent la citoyenneté doivent attendre des années ?», a également critiqué le député italien et porte-parole d’Europa-Verde, Angelo Bonelli, selon des propos rapportés par l’agence de presse italienne Ansa.

En Italie, la citoyenneté par descendance repose sur la législation du Ius Sanguinis («droit du sang»). Même les descendants éloignés d’un citoyen italien peuvent obtenir un passeport, tandis que les conditions pour les étrangers nés en Italie ou qui y ont immigré sans avoir y avoir de famille sont beaucoup plus strictes. Les étrangers doivent actuellement vivre dix ans en Italie avant de pouvoir demander leur naturalisation, et les enfants nés en Italie de parents étrangers ne peuvent pas demander la nationalité avant l’âge de 18 ans.

Une situation régulièrement contestée par les associations. Et la nouvelle de cette naturalisation éclair répandue dans les journaux n’a pas manqué de relancer le débat : «Cette concession confirme que la loi actuelle n° 91 de 1992, fondée sur le droit du sang, est obsolète et incohérente », a notamment réagi le réseau Dalla Parte Giusta della Storia, qui promeut une réforme de la loi sur la citoyenneté basée sur le droit du sang. «Ils devraient peut-être prendre une tronçonneuse, une vraie ou une fausse, et aller demander que la loi sur la nationalité soit modifiée», a de son côté ironisé Riccardo Magi sur les réseaux sociaux. 

L’annonce officielle est attendue ce soir, à l’occasion du festival Atreju, organisé le parti de la première ministre, Fratelli d’Italia.