Guerre au Moyen-Orient : ce que l'on sait de la riposte de l'Iran en réponse aux bombardements américains contre des sites nucléaires
Une réplique aux frappes américaines visant trois sites nucléaires iraniens, présentée comme une "puissante" réponse à "l'agression" lancée par Washington. Les médias d'Etat iraniens ont affirmé que des tirs de missiles de l'Iran avaient visé des bases américaines au Qatar et en Irak, dans la soirée du lundi 23 juin. "L'opération [de tirs] de missiles iraniens contre les bases américaines situées au Qatar et en Irak a commencé et porte le nom 'Bénédiction de la victoire'", a précisé l'agence de presse de la République islamique (Irna).
Plus tard, la télévision d'Etat iranienne a diffusé des images en direct d'une manifestation dans le centre de Téhéran, la capitale de l'Iran, célébrant cette réponse aux bombardements américains. Des manifestants ont agité des drapeaux de la République islamique et scandé "Mort à l'Amérique". Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ces tirs de missiles.
Des missiles "interceptés avec succès" au Qatar
Le Qatar abrite la base américaine d'al-Udeid, la plus importante du Moyen-Orient. Vers 19 heures (heure française), des détonations ont été entendues dans le centre de Doha, la capitale, et à Lusail, plus au nord, tandis que des projectiles ont été aperçus dans le ciel. Le Conseil de sécurité nationale iranien a revendiqué avoir ciblé la base d'al-Udeid, "en réponse à l'action agressive et insolente des États-Unis". "Cette action ne représente aucune menace pour notre pays ami et frère, le Qatar", a-t-il ajouté. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont affirmé que six missiles avaient "touché" la base d'al-Udeid.
Le Qatar a néanmoins assuré avoir "intercepté avec succès" tous les missiles visant la base américaine, qui avait été évacuée, et que ceux-ci n'avaient fait aucune victime. Le pays a condamné "fermement" cette attaque et a déclaré se "réserver le droit" de riposter "de manière proportionnelle à la nature et à l'ampleur de cette agression flagrante ,et conformément au droit international", selon le ministère des Affaires étrangères qatarien.
Le Qatar, situé à 190 kilomètres au sud de l'Iran, avait annoncé plus tôt la fermeture de son espace aérien, tout comme le Bahreïn et le Koweït, voisin de l'Irak.
Des menaces autour d'une base militaire en Irak
Si les médias d'Etat iraniens ont évoqué des missiles envoyés vers une base militaire en Irak, deux responsables de sécurité irakiens ont affirmé à l'AFP que la base d'al-Assad, qui abrite des troupes américaines, n'avait "pour l'instant" pas été visée. Située dans le désert de l'ouest de l'Irak, dans la province d'al-Anbar, cette base aérienne héberge les effectifs d'une coalition internationale antijihadistes, dont des Américains. "Pour l'instant, Aïn al-Assad n'a pas été prise pour cible", a affirmé à l'AFP un responsable militaire, précisant que rien n'avait été signalé sur un autre site utilisé par la coalition internationale, près de l'aéroport de Bagdad. "Jusqu'à maintenant il n'y a eu aucune attaque sur la base d'Aïn al-Assad. Nous surveillons, en cas de moindre incident", a ajouté un officier de police dans la province d'Al-Anbar.
Un correspondant de l'AFP à Erbil, capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak, a également assuré qu'aucun incident n'avait été rapporté dans la zone d'une base militaire utilisée par la coalition internationale, située dans le secteur de l'aéroport de la ville.
L'Irak a exprimé sa "vive inquiétude", réitérant le danger d'un "élargissement du conflit". "Cette escalade présage d'encore plus de tensions et marque un tournant dangereux et sans précédent dans le conflit", a déclaré le ministère des Affaires étrangères à Bagdad dans un communiqué.
La France craint une "escalade dangereuse", Donald Trump évoque "une réponse très faible" de l'Iran
Invité de France 2 lundi soir, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a appelé "à la retenue et à l'arrêt des frappes de toutes parts". Le chef de la diplomatie française a dénoncé "une escalade" du conflit, dans laquelle "l'Iran porte une lourde responsabilité".
"La spirale du chaos doit prendre fin", a déclaré à son tour le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, appelant "toutes les parties à la plus grande retenue, à la désescalade et au retour à la table des négociations". "J'exprime la solidarité de la France au Qatar frappé par l'Iran sur son sol", a-t-il ajouté sur le réseau social X, précisant être en "contact étroit avec les autorités du pays et nos partenaires de la région".
"C'est une preuve supplémentaire d'hostilité et de violence, et du fait que l'Iran est un État terroriste qui menace non seulement Israël, mais tout le Moyen-Orient, y compris ses voisins et le monde entier", a réagi à son tour le porte-parole de l'armée israélienne, Effie Defrin, lors d'une conférence de presse télévisée.
Un peu plus tard lundi, le président américain, Donald Trump, a évoqué sur sa plateforme Truth Social "la réponse très faible" de l'Iran. "Espérons-le, il n'y aura plus de haine. Je tiens à remercier l'Iran de nous avoir prévenus si tôt, ce qui a permis qu'aucune vie ne soit perdue et que personne ne soit blessé", a-t-il ajouté. "Peut-être que l’Iran peut désormais progresser vers la paix et l’harmonie dans la région, et j’encouragerai avec enthousiasme Israël à faire de même."