Frappes israéliennes sur l'Iran : ce que l'on sait des dégâts sur les sites militaires et nucléaires touchés

Benyamin Nétanyahou entend frapper "tous les sites du régime" iranien. Israël a lancé une série d'attaques aériennes d'ampleur contre l'Iran, depuis vendredi 13 juin, ciblant principalement des sites militaires et nucléaires.

Les premières frappes opérées vendredi avant l'aube par 200 avions contre une centaine de cibles ont notamment visé "des dizaines de cibles militaires, y compris des cibles nucléaires dans différentes régions de l'Iran", selon l'armée. "Nous avons infligé un véritable coup à leur programme nucléaire", a assuré samedi le Premier ministre israélien.

Le site d'enrichissement de Natanz "détruit" en surface

Israël, qui juge que Téhéran est proche d'"un point de non-retour" vers la bombe atomique, a revendiqué avoir touché le "plus grand site d'enrichissement d'uranium" iranien, situé à Natanz, dans le centre de l'Iran. L'armée affirme que "les installations souterraines du site ont été touchées, y compris un hall d'enrichissement à plusieurs niveaux avec des centrifugeuses, des salles électriques et d'autres infrastructures de soutien". Elle assure aussi que "l'infrastructure critique du site qui lui permet de fonctionner et de faire avancer le projet d'armes nucléaires du régime iranien a été attaquée".

Le centre a été "détruit" dans sa partie en surface, a pour sa part rapporté l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), citant des informations des autorités iraniennes. "Aucune augmentation des niveaux de radiation" n'a été observée, selon l'agence onusienne. Cette destruction, confirmée par des images satellite, est "significative", estime dans un rapport l'Institut pour la science et la sécurité internationale, un organisme basé aux Etats-Unis spécialisé dans la prolifération nucléaire.

Une image satellite du site d'enrichissement de Natanz, dans le centre de l'Iran, le 12 février 2025. (SATELLITE IMAGE / MAXAR TECH)
Une image satellite du site d'enrichissement de Natanz, dans le centre de l'Iran, le 12 février 2025. (SATELLITE IMAGE / MAXAR TECH)

La seconde usine d'enrichissement d'uranium, construite 150 km plus au nord, à Fordo, a également été touchée. Selon Téhéran, les dégâts infligés sur ce site sont mineurs. Toutefois, ces deux usines sont des "installations fortifiées", enterrées à des centaines de mètres dans le sol, analyse auprès de l'AFP le chercheur Ali Vaez, de l'International Crisis Group, un cercle de réflexion américain. Pour les neutraliser complètement, Israël aurait besoin de "l'assistance militaire américaine", qui dispose de bombes capables de frapper en profondeur, confirme à l'AFP Kelsey Davenport, experte de l'Arms Control Association.

Des dégâts sur le site de l'usine de conversion d'Ispahan

L'usine de conversion d'Ispahan fait aussi partie des cibles. L'armée israélienne affirme l'avoir "démantelée", tandis que l'Iran avance que les dégâts causés sur ce site "ne sont pas importants". Ce complexe permet de transformer de la poudre de minerai d'uranium concentré, extrait des mines du désert iranien, en tétrafluorure puis en hexafluorure d'uranium. C'est a priori dans cet endroit que se trouvent les importantes réserves d'uranium hautement enrichi.

Une vue aérienne de l'usine de conversion d'Ispahan, en Iran, le 12 février 2025. (SATELLITE IMAGE / MAXAR TECH)
Une vue aérienne de l'usine de conversion d'Ispahan, en Iran, le 12 février 2025. (SATELLITE IMAGE / MAXAR TECH)

Dans un communiqué publié vendredi après-midi, l'armée israélienne explique avoir visé des laboratoires sur ce site, mais n'a pas mentionné ces stocks d'uranium hautement enrichi, relate le New York Times. Pour l'heure, on ignore que ce que ces réserves sont devenues. "Si l'Iran parvient à en transférer une partie vers des installations secrètes, Israël aura perdu la partie", souligne Ali Vaez à l'AFP. 

Plusieurs bases militaires ciblées à travers le pays

Israël a aussi annoncé vendredi soir avoir frappé deux bases militaires dans l'ouest de l'Iran, affirmant que celle de Tabriz, située dans le nord-ouest du pays, avait été "démantelée". L'armée de l'air israélienne a poursuivi samedi ses frappes contre plusieurs sites militaires, ciblant notamment des systèmes de défense aériens dans la région de Téhéran et des dizaines de lanceurs de missiles. 

Des médias iraniens ont fait état samedi de frappes sur la ville de Tabriz, et sur des parties des provinces de Lorestan, Hamedan et Kermanshah, dans l'ouest de l'Iran, qui abritent toutes des bases militaires clés.

Le quartier général des Gardiens de la Révolution frappé

Plusieurs immeubles résidentiels à Téhéran et le quartier général des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont aussi été touchés. Au moins deux dirigeants des Gardiens ont été tués, dont leur chef, le général Hossein Salami, et celui de la force aérospatiale de ce corps, le général Amirali Hadjizadeh. Le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a également péri.

La télévision d'Etat a rapporté samedi la mort du général Gholamreza Mehrabi, adjoint au renseignement de l'état-major des forces armées, et du général Mehdi Rabbani, adjoint aux opérations. Neuf scientifiques du programme nucléaire iranien ont aussi été tués, selon Israël et l'Iran. Les frappes ont fait 78 morts et plus de 320 blessés, dont une "large majorité de civils", selon le représentant iranien à l'ONU, Amir-Saeid Iravani.