Tapi dans les entrailles de son sous-marin I-58 à fleur d’eau, le capitaine Mochitsura Hashimoto ronge son frein. Le submersible, un des quatre rescapés de la marine japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cherche désespérément une cible au périscope, dans les eaux troubles du Pacifique. Depuis sept mois qu’il en est aux commandes, l’officier supérieur n’a connu pratiquement que des échecs. Harcelé quotidiennement par les bombardiers B-29 américains, il n’a pu faire surface que quelques heures par jour au cours de ses différentes missions. À son tableau de chasse, un porte-avions d’escorte et un gros pétrolier.
Mais ce 29 juillet 1945, la chance de Hashimoto allait tourner. Peu avant minuit, le I-58 croise en mer des Philippines. « Par tribord, à 90 degrés, navire ennemi probable ! », s’écrie le navigateur de quart. Le sous-marin plonge immédiatement à 20 mètres et le commandant confirme la cible. « Cette fois-ci, je l’ai », jubile-t-il. Tel un grand prédateur marin, le I-58 s’approche silencieusement de sa proie. Arrivé à moins de 2000 mètres, il lâche six torpilles en éventail, à trois secondes d’intervalle. Il est exactement minuit passé de deux minutes. Le submersible refait surface pour admirer le spectacle : deux colonnes d’eau s’élèvent au loin, suivies de brûlants éclairs orange. « Touché ! » (1)