Interdiction des personnes transgenres dans l’armée, suppression de l’Usaid… Donald Trump et Elon Musk rattrapés par la justice
Le président des États-Unis et son conseiller milliardaire voient leur projet de démantèlement de la démocratie se confronter à la justice, qui tente de rattraper leurs décisions semaine après semaine. Ce mardi 18 mars en est l’exemple parfait, tant Donald Trump et Elon Musk ont vu leur politique autoritaire et réactionnaire remise en cause par les institutions états-uniennes.
Au niveau sociétal, tout d’abord, avec la suspension du décret transphobe signé par le locataire de la Maison Blanche sur la place des citoyens transgenres dans l’armée. L’élu républicain avait, le 27 janvier dernier, annoncé vouloir « débarrasser notre armée de l’idéologie transgenre » avec un texte interdisant leur intégration aux forces armées états-uniennes. Le ministère de la Défense avait ainsi les pleins pouvoirs pour refuser des candidatures, mais aussi pour expulser les citoyens trans déjà intégrés à l’armée.
Un décret « empreint d’hostilité »
Décret immédiatement contesté en justice par un groupe de militaires transgenres – ces derniers et dernières seraient environ 15 000 sur les deux millions d’individus qui composent l’armée – ou souhaitant entamer une transition. Plus d’un mois plus tard, la juge fédérale Ana Reyes a donné raison aux plaignants.
L’administration Trump aurait ainsi justifié son offensive avec une pseudo-politique « établissant un équilibre entre la nécessité pour le pays d’une armée préparée et le droit des Américains à l’égalité de protection devant la loi ». Sauf que le décret contesté « n’est pas cette politique », estime la juge, qui lui reproche d’être « empreint d’hostilité » envers les personnes transgenres, sans justification légale ou rationnelle à leur exclusion des forces armées. Le décret a donc été suspendu.
« Les juges du tribunal de district ont désormais décidé qu’ils commandaient les forces armées… Cette folie s’arrêtera-t-elle ? », s’est insurgé le chef de cabinet adjoint de Donald Trump, Stephen Miller, sur le réseau social X. La Maison Blanche, elle, ne s’est pas officiellement exprimée.
L’un des assaillants de la communauté LGBTQIA + les plus virulents au sein de la sphère Trump, le patron de X, Tesla et SpaceX, Elon Musk, s’est aussi heurté à la justice. Chargé par le président des États-Unis, ex-magnat de l’immobilier, de couper dans les dépenses de l’État, Elon Musk et le service gouvernemental créé sur-mesure pour lui, le Doge, ont multiplié les décisions répressives.
Parmi ses principales victimes : l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), que le milliardaire tente de démanteler coûte que coûte. « On a passé le week-end à alimenter le broyeur à bois avec l’aide de l’USAID, a même lancé l’homme le plus riche du monde sur son compte X, le 3 février dernier. On aurait pu aller à de super fêtes. On a préféré faire ça. »
83 % des opérations de l’Usaid visées
Près de 5 200 contrats conclus par l’agence ont ainsi été annulés en seulement quelques jours, soit 83 % des opérations de l’Usaid. Seul un millier a été conservé, avec pour unique particularité de convenir à l’idéologie Maga (Make America great again). Un choix aux répercussions planétaires, alors que l’Usaid s’est imposé comme un acteur incontournable – et surtout inévitable – à l’international (financement de l’Organisation mondiale de la santé, soutien financier et matériel à de nombreux pays, etc.).
Problème pour Donald Trump et Elon Musk, le juge fédéral Theodore Chuang a estimé, mardi 18 mars, que leurs décisions « ont probablement violé la Constitution des États-Unis de multiples manières ». Selon ce dernier, le président et son conseiller « ont privé les élus du peuple au Congrès de leur autorité constitutionnelle de décider si, quand et comment une agence créée par le Congrès doit être fermée ». Le démantèlement de l’Usaid a donc été – temporairement – freiné. L’agence doit, selon la justice, pouvoir ré-occuper ses locaux historiques, situés à Washington DC.
Les données des milliers d’employés de l’agence vont devoir aussi être rétablies, tout en étant protégées du Doge, qui ne pourra pas les divulguer. La moindre action qui concernera l’agence devra, enfin, être autorisée par l’un de ses membres. L’Usaid n’est cependant pas sauvée. La décision de Theodore Chuang restera en vigueur le temps qu’une nouvelle décision de justice soit annoncée, par exemple en cour d’appel. La situation de l’Usaid s’est retrouvée devant la justice suite au dépôt d’une plainte par une vingtaine d’employés. Ces derniers estiment qu’Elon Musk jouit d’une puissance « sans précédent dans l’histoire des États-Unis ».
La Cour suprême rappelle Trump à l’ordre
Dernière déconvenue pour Donald Trump : la plus haute instance judiciaire des États-Unis, la Cour suprême, lui a lancé un rappel à l’ordre – fait rare – après que ce dernier a exigé la destitution d’un juge fédéral. Saisi en urgence, James Boasberg, juge fédéral à Washington DC, avait ordonné, samedi 15 mars, la suspension pendant quatorze jours de toute expulsion de citoyens décidée sur le fondement d’une loi d’exception du XVIIIe siècle – utilisée par Donald Trump pour servir sa politique raciste. Il avait en particulier exigé d’interrompre l’expulsion vers le Salvador de quelque 200 membres présumés d’un gang vénézuélien.
« Ce juge, comme beaucoup des juges corrompus devant lesquels je suis forcé de comparaître, devrait être destitué, s’est alors fendu Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. La lutte contre l’immigration illégale a peut-être été la raison numéro une. Je fais seulement ce que les électeurs ont demandé. »
« Depuis plus de deux siècles, il est établi que la destitution n’est pas une réponse appropriée à un désaccord à propos d’une décision de justice », lui a alors rétorqué le président de la Cour suprême, John Roberts – sans citer directement Donald Trump. « La procédure ordinaire d’appel existe à cette fin », a-t-il ainsi souligné dans un communiqué. Malgré leur projet fasciste et libéral, Donald Trump et Elon Musk doivent donc composer avec des institutions décidées à ne pas se laisser engloutir.
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