Alors que l’échéance de la passation de pouvoir, prévue le 20 janvier prochain, approche à grands pas, Donald Trump continue de distiller des indices sur la politique qu’il compte mener. Après les nominations en cascade – et plus clivantes que jamais -, le président réélu des États-Unis a détaillé son programme sur l’immigration lors d’un entretien diffusé par la chaîne de télévision NBC News, ce dimanche 8 décembre.
Thème majeur de sa campagne, qui n’a pas empêché le candidat multicondamné d’enregistrer une hausse de voix dans les communautés hispaniques et noires, l’immigration devrait faire l’objet d’une politique répressive. Première mesure, et pas des moindres, Donald Trump a notamment annoncé qu’il mettrait en place « la plus grande opération d’expulsions de l’histoire », en s’attaquant à l’ensemble des immigrés en situation irrégulière présents sur le territoire états-unien, soit près de 11 millions d’individus.
« L’ensemble des membres de la famille » pourraient être expulsés
« Je pense que nous devons le faire, et c’est dur, c’est une chose très compliquée à faire », a-t-il répondu à NBC News, à la question de savoir si son projet était bien d’expulser au cours de ses quatre années de mandat toutes les personnes présentes aux États-Unis de manière illégale. Quant aux familles dont certains membres sont en situation irrégulière et d’autres présents de manière légale, Donald Trump annonce que « l’ensemble des membres de la famille » pourraient être expulsés.
« Je ne veux pas séparer des familles, donc le seul moyen (…) c’est de les garder ensemble et vous devez tous les renvoyer », a-t-il osé, pour tenter de se dédouaner et d’apparaître comme compatissant. Dans la lignée de cette annonce, l’élu républicain a expliqué qu’il souhaitait que les « Dreamers » – des immigrés arrivés de manière clandestine aux États-Unis lorsqu’ils étaient mineurs et qu’un programme mis en place sous Barack Obama avait protégé de l’expulsion – puissent rester aux États-Unis. Une cour d’appel avait jugé en 2022 ce programme illégal, tout en conservant les droits des bénéficiaires d’alors. Déclarant que les républicains étaient « très ouverts » aux « Dreamers », Donald Trump a affirmé vouloir « travailler avec les démocrates à un plan » sur cette question.
Loin de l’ouverture de façade affichée par le président réélu, NBC News a révélé, jeudi 5 décembre, que Donald Trump a déjà proposé à plusieurs pays de devenir un « centre d’accueil pour migrants » arrêtés aux États-Unis. Trois d’entre eux, le Panama, l’archipel des Turks et Caïcos, mais aussi les Bahamas ont par la suite démenti avoir conclu un tel accord. « Cette proposition a été présentée au gouvernement du Bahamas, mais le premier ministre l’a étudiée et fermement rejetée, a par exemple fait savoir l’exécutif des Bahamas, situés à quelques centaines de kilomètres des côtes de Floride. Les Bahamas n’ont simplement pas les ressources pour satisfaire une telle demande. »
La Constitution foulée aux pieds
De même, le sujet a été à l’origine d’une passe d’armes entre le prochain président des États-Unis et la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, fin novembre. Donald Trump, qui venait de s’entretenir avec la cheffe d’État mexicaine, affirmait que cette dernière acceptait que l’immigration clandestine à la frontière qui délimite les deux pays soit stoppée. Infirmation immédiate de Claudia Sheinbaum qui a rappelé que le pays d’Amérique centrale ne souhaite pas « fermer les frontières ».
Le républicain, qui a nommé à des postes clés des tenants d’une ligne dure sur l’immigration, a ainsi répété ses saillies racistes de campagne, associant migrants et criminalité, sans qu’aucune preuve soit apportée : « Le crime est à des niveaux record. Des migrants affluent dans notre pays, venant de prisons et d’instituts psychiatriques. » L’ancien homme d’affaires compte donc mettre fin au droit du sol aux États-Unis, et ce, dès son retour à la tête de la Maison Blanche.
« Vous savez que si quelqu’un pose un pied, juste un pied (…) sur notre territoire : « Félicitations, vous êtes désormais un citoyen des États-Unis d’Amérique » », a-t-il lancé lors de son interview avec NBC News. Fausse affirmation, alors que le droit du sol aux États-Unis concerne en réalité les personnes nées sur le territoire. « Nous allons y mettre fin parce que c’est ridicule », a-t-il pourtant insisté. Interrogé sur la question de savoir comment il abrogerait ce droit inscrit dans la Constitution des États-Unis, il a évoqué la possibilité de foulée aux pieds cette dernière via un décret exécutif.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous tentons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons porter une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.