Guerre en Ukraine : aux côtés de Volodymyr Zelensky, Donald Trump plaide pour un « cessez-le-feu immédiat » et des « négociations »
Le « coup » diplomatique est incontestable. En réunissant à l’Élysée, avant l’inauguration en grande pompe de Notre-Dame rénovée, Volodymyr Zelensky et Donald Trump, Emmanuel Macron a redoré sur la scène internationale un lustre qu’il a perdu dans l’arène nationale. Mais la seule question qui vaille dépasse la seule aura du chef de l’État : cette rencontre inattendue permettra-t-elle d’ouvrir un nouveau cycle dans la guerre en Ukraine, conduisant à son arrêt ?
En tout cas, la rhétorique des protagonistes renvoie à cette option.
Au lendemain de sa poignée de main avec le président ukrainien, Donald Trump a appelé, sur sa plateforme Truth Social, à un « cessez-le-feu immédiat », ainsi qu‘à des « négociations ». « Trop de vies ont été perdues en vain, trop de familles ont été détruites, et si ça continue, cela pourrait se transformer en quelque chose de plus gros, et bien pire », a-t-il écrit en affirmant que l’Ukraine a perdu « de façon ridicule » 400 000 soldats et « bien plus de civils ».
« Je connais bien Vladimir. Il est temps d’agir. La Chine peut aider. Le monde attend ! »
Le futur président américain a également assuré que son homologue ukrainien « aimerait conclure un accord » pour « mettre fin à la folie ». Avant de conclure : « Je connais bien Vladimir. Il est temps d’agir. La Chine peut aider. Le monde attend ! »
Durant la campagne présidentielle, Donald Trump avait assuré à plusieurs reprises qu’il disposait d’un plan qui permettrait de mettre fin au conflit « en 24 heures ». Ses propos du week-end ne relèvent pas d’un plan, encore moins d’une formule magique mettant fin au conflit, mais ils n’en sont pas moins surprenants.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Donald Trump a régulièrement affiché une distance avec Volodymyr Zelensky et entretenu une image de proximité avec Vladimir Poutine. Au Congrès, il a soutenu et poussé la frange d’élus qui lui sont fidèles à ne pas voter les différents paquets d’aide militaire proposés par l’administration Biden.
Il est encore trop tôt pour définir la véritable stratégie de Donald Trump : s’il appelle à un cessez-le-feu et à des négociations, il ne s’est pas encore positionné sur les conditions qui pourraient y conduire. Estime-t-il que l’Ukraine devrait entériner la situation militaire actuelle et ainsi renoncer aux territoires conquis par l’armée russe ? Cette question sera au cœur de toute négociation.
En tout état de cause, l’attitude de l’administration américaine va changer. C’est le message envoyé par Donald Trump. Joe Biden utilise ses derniers mois d’exercice du pouvoir pour tenter d’établir un équilibre des forces plus favorable à Kiev. Il a autorisé l’utilisation de missiles ATACMS de longue portée sur le territoire russe, donné son accord à des livraisons de mines antipersonnel et annoncé le versement d’une tranche d’aide de 6 milliards de dollars. Samedi 7 décembre, le département américain de la Défense a signalé une nouvelle aide militaire à l’Ukraine estimée à 988 millions de dollars.
Un changement apparent de la position officielle de Kiev
Depuis l’élection de Donald Trump, Volodymyr Zelensky sait que ces flux vont se tarir avec l’entrée officielle du républicain à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2025. Il est sans doute également lucide sur l’état de la société ukrainienne, épuisée par près de trois années de conflit – face à un ennemi disposant d’une supériorité démographique potentiellement déterminante – et dans laquelle les ressorts de la guerre de défense patriotique se sont émoussés.
La semaine dernière, il a envoyé une délégation de hauts fonctionnaires ukrainiens aux États-Unis pour rencontrer plusieurs des principaux responsables nommés par Donald Trump, avec lequel il a personnellement échangé à trois reprises cette année. « Ce qui se passe maintenant n’est que le premier acte d’un prélude aux négociations à venir », écrivait alors Volodymyr Fesenko, un analyste politique ukrainien, dans un message sur Facebook à propos de cette visite.
Cette démarche coïncide avec un changement apparent de la position officielle de Kiev. Volodymyr Zelensky a récemment laissé entendre qu’il envisagerait d’accepter une perte de territoires pour mettre fin à la guerre, en échange d’une adhésion à l’Otan. « Nous avons parlé de notre peuple, de la situation sur le champ de bataille et d’une paix juste pour l’Ukraine. Nous voulons tous mettre fin à cette guerre aussi rapidement et équitablement que possible », a déclaré le président ukrainien dans un communiqué publié peu après la rencontre à l’Élysée, ajoutant qu’ils étaient « convenus de continuer à travailler ensemble ». La balle diplomatique est désormais du côté de Moscou et de Vladimir Poutine.
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