« Il y a des choix terribles à faire » : Asphyxié par les États-Unis, l’OMS alerte sur le risque de millions de décès supplémentaires faute de moyens

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) doit réviser ses priorités. Pire, l’instance mondiale doit revoir ses ambitions budgétaires à la baisse, pour surmonter la mise à mort, par Donald Trump, de l’agence d’aide à l’international des États-Unis (Usaid).

Pour la seule lutte contre le sida (VIH), les décisions états-uniennes « pourraient annuler vingt années de progrès, entraînant plus de 10 millions de cas supplémentaires de VIH et 3 millions de décès liés au VIH, soit trois fois plus de décès que l’année dernière », a prévenu Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, lors d’un point presse à Genève.

« Nous nous concentrons sur les activités à plus haute valeur ajoutée »

Il a ainsi appelé les États-Unis à « reconsidérer leur soutien à la santé mondiale ». Le patron de l’OMS a cité, pour appuyer son propos, d’autres maladies comme le paludisme ou encore la tuberculose : « Il existe d’ores et déjà de graves perturbations dans l’approvisionnement en diagnostics du paludisme, médicaments et moustiquaires imprégnées d’insecticide en raison de ruptures de stock, de retards de livraison ou d’un manque de financement. »

L’OMS espère cependant pouvoir s’appuyer sur ses fondations, consolidées ces dernières années, pour survivre. L’OMS s’était ainsi déjà lancée dans « une grande transformation » et est « beaucoup plus agile qu’elle ne l’était auparavant », a soutenu Michael Ryan, directeur du programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, lundi 17 mars.

Cependant, la politique des États-Unis de Donald Trump oblige l’OMS à revoir ses coûts, à trouver d’autres sources de financement et à se pencher plus généralement sur son avenir. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ainsi demandé aux différents départements de « réduire leurs ambitions budgétaires ».

Quelques heures après son retour à la Maison Blanche, fin janvier, Donald Trump a signé un décret pour retirer les États-Unis de l’OMS – suivi depuis par l’Argentine du dirigeant populiste et d’extrême droite, Javier Milei. Il a par ailleurs gelé la quasi-totalité de l’aide financière étrangère avant d’en supprimer une bonne partie quelques semaines plus tard. « Nous introduisons des gains d’efficacité immédiats et un exercice de priorisation pour nous assurer que nous nous concentrons sur les activités à plus haute valeur ajoutée, a indiqué Daniel Thornton, chargé de diriger la coordination de la mobilisation des ressources à l’OMS. Nous intensifions également nos actions auprès des donateurs. »

« Nous essaierons d’être aussi efficaces que possible »

« Je travaille très dur » avec d’autres responsables de l’organisation pour voir « comment nous pouvons reprioriser nos activités », a abondé Michael Ryan. Son département s’attend par exemple à une contraction budgétaire de 25 %. « La réalité est que si l’organisation a moins d’argent, nous pouvons offrir moins de choses, regrette-t-il. Nous essaierons d’être aussi efficaces que possible, mais le moment est venu pour nous de prioriser nos activités. »

L’OMS a prévu de présenter un budget révisé lors de l’assemblée mondiale de la santé, qui réunit en mai l’ensemble des pays membres de l’organisation. « Il y a des choix terribles à faire, prévient Michael Ryan. Nous serons plus petits, mais nous serons aussi efficaces que jamais, plus forts et prêts à croître à nouveau lorsque le moment sera venu. » En espérant que l’administration Trump – dont la véhémence envers l’Organisation mondiale de la santé date de son premier mandat – ne condamne pas définitivement l’OMS.

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