Aide internationale : la Cour suprême intime à l’administration Trump de verser une partie des fonds supprimés, l’ONU débloque de son côté110 millions de dollars

La Cour suprême états-unienne a, en partie, contrecarré les coupes budgétaires entreprises par l’administration Trump. L’instance – à majorité conservatrice – a sommé, mercredi 5 mars, le gouvernement états-unien de reprendre les versements dus à des organisations d’aide internationale. Le montant estimé par la Cour suprême se situe entre 1,5 et 2 milliards de dollars.

Il s’agit de l’une des premières décisions prises par la Cour suprême contre l’administration Trump, par une courte majorité des trois juges progressistes et de deux conservateurs, dont le président de la Cour, John Roberts, contre l’avis des quatre autres conservateurs. Au nom de ces derniers, opposés à la décision de la Cour, le juge Samuel Alito s’est déclaré « abasourdi » dans son désaccord écrit.

Un gel de l’aide étrangère pour 90 jours

« Aujourd’hui, la Cour fait un faux pas extrêmement malheureux en récompensant un acte d’hubris judiciaire et en imposant une pénalité de 2 milliards de dollars aux contribuables américains, affirme-t-il. Le tribunal a clairement exprimé sa frustration envers le gouvernement et les plaignants soulèvent de graves inquiétudes quant au paiement d’un travail accompli. » L’offensive du gouvernement ne justifie pourtant pas, selon lui, une telle décision : « La solution ordonnée est une réponse trop extrême. »

Pour rappel, Donald Trump a signé, le 20 janvier dernier, un décret ordonnant un gel de l’aide étrangère états-unienne pour 90 jours. Son administration avait par la suite annoncé son intention de tailler massivement dans l’aide internationale états-unienne, fin février. Elle a notamment lancé la suppression de 92 % des financements de programmes à l’étranger par l’agence des États-Unis pour le développement international, l’Usaid, se targuant de « faire économiser près de 60 milliards de dollars aux contribuables ».

Mais un juge fédéral, saisi par deux organisations regroupant des entreprises, ONG, et autres bénéficiaires des fonds d’aide américains, a suspendu le décret en question. En cause : les dépenses concernées étaient déjà approuvées par le Congrès. Il a ensuite ordonné au département d’État de reprendre avant le 27 février ces paiements.

Saisie par l’administration Trump, la Cour suprême avait suspendu administrativement cette sommation quelques heures avant l’échéance, le temps de statuer sur le fond. Elle la rétablit mercredi. Soulignant que la date limite est passée, la Cour s’en remet au juge de première instance pour fixer un nouveau délai « prenant en considération la faisabilité de toute échéance pour se conformer » à sa décision initiale.

Le gel de l’aide par Donald Trump a suscité choc et émoi au sein de l’agence créée par une loi du Congrès américain en 1961, et qui gère un budget annuel de 42,8 milliards de dollars. Si elle a régulièrement servi de moyens de pression à l’étranger pour les États-Unis, elle représente à elle seule près de 42 % de l’aide humanitaire déboursée dans le monde.

La maladie infectieuse la plus mortelle au monde

L’Organisation mondiale de la santé a par exemple alerté, dans un communiqué publié mercredi 5 mars, sur le gel des versements aux programmes de lutte contre la tuberculose. Une décision qui met en danger des « millions de vies », avertit l’agence onusienne dont les États-Unis de Donald Trump ont annoncé leur retrait.

Les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la tuberculose – maladie infectieuse la plus mortelle au monde avec 1,25 million de personnes décédées en 2023 – ont permis de sauver plus de 79 millions de vies au cours des deux dernières décennies, selon le communiqué de l’OMS.

Or, selon l’OMS, les États-Unis « ont fourni environ 200 à 250 millions de dollars par an en financement bilatéral aux pays pour lutter contre la tuberculose », soit « environ un quart » du montant total des fonds alloués par les donateurs internationaux. La réduction de l’aide représente donc une menace particulièrement forte pour 18 des pays les plus touchés par la tuberculose, dont les activités de prévention et de lutte contre la maladie dépendent à 89 % du financement américain.

Le continent africain est le plus durement touché, suivie des régions de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Les coupes budgétaires souhaitées par Donald Trump – et mises en application par son lieutenant, le milliardaire Elon Musk – menacent ainsi de « réduire à néant (les) progrès durement acquis » dans la lutte contre la tuberculose, regrette l’agence. Soit la mise « en grand danger de millions de personnes, en particulier les plus vulnérables ».

En réponse, les Nations unies (ONU) ont débloqué, jeudi 6 mars, 110 millions de dollars (soit 102 millions d’euros) de son fonds d’aide d’urgence, afin de compenser « la baisse précipitée » de l’aide humanitaire. L’ONU espère ainsi contrer – en partie – les attaques de l’administration Trump et, surtout, « renforcer l’assistance vitale dans dix des crises les plus sous-financées et négligées au monde, en Afrique, Asie et Amérique latine ».

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