« Signalgate » : le ministre de la Défense ouvre une enquête interne, pour mesurer la défaillance de l’administration Trump
L’affaire du « Signalgate » symbolise le gap qui sépare les prises de position et les actes du camp républicain. Des années durant, le parti rangé derrière Donald Trump s’est offusqué de l’expansion des applications de messageries cryptées. Ces dernières étaient, selon eux, un eldorado pour les criminels, les espions, les narcotrafiquants et les terroristes. Le Parti républicain dépeignait ainsi ces applications comme un danger pour les États-Unis.
Leur communication ne cesse pourtant de perdre en crédibilité depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le 21 janvier dernier. Les révélations du rédacteur en chef de The Atlantic, média opposé à l’administration Trump, Jeffrey Goldberg, qui a révélé avoir été intégré par erreur à un groupe de discussion sur l’application chiffrée Signal – où les plus hauts responsables états-uniens préparaient une opération militaire contre le Yémen survenue le 15 mars – ont secoué les hautes sphères du pouvoir.
Empêcher les fraudes, les gaspillages et les abus
L’affaire ayant éclaté lundi 24 mars a surtout jeté le discrédit sur l’administration Trump. La faille de sécurité est telle que le « Signalgate » va faire l’objet d’une enquête interne. Selon un mémo publié jeudi 3 avril, l’inspecteur général du ministère de la Défense va examiner l’utilisation par son patron, Pete Hegseth, et par plusieurs autres responsables, de Signal. Outre le ministre de la défense, cette chaîne comprenait, notamment, le vice-président, J. D. Vance, le secrétaire d’État, Marco Rubio, et la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard.
Les inspecteurs généraux, indépendants, sont chargés de détecter et d’empêcher les fraudes, les gaspillages et les abus commis par les fonctionnaires. Ils doivent également enquêter sur les violations des lois, des règlements et des normes éthiques commises par les employés.
L’enquête doit évaluer « à quel point le ministre de la Défense et d’autres responsables du ministère ont respecté les politiques et les procédures concernant l’utilisation d’applications commerciales de messagerie à des fins officielles, annonce le mémo. Par ailleurs, nous examinerons le respect des exigences en matière de classification et de conservation des documents. »
L’enquête fait suite à une demande des deux principaux membres de la commission des forces armées du Sénat, l’un républicain et l’autre démocrate. Elle devrait s’appuyer sur The Atlantic qui avait notamment reproduit des captures d’écran de messages du ministre de la défense avec les horaires précis des frappes prévues contre les Houthistes et les armements employés, le tout envoyé deux heures avant que celles-ci n’aient eu lieu.
Signal approuvée pour les communications officielles de la CIA
L’application Signal, qui n’est pas en mesure de gérer des documents classifiés, ne fait pas partie du réseau de communication sécurisé du ministère de la défense. Pas de quoi freiner l’administration Trump, comme l’atteste l’audition du directeur de la CIA (le service de renseignements extérieurs), John Ratcliffe, par le Comité sénatorial du renseignement, mardi 25 mars. Ce dernier avait alors révélé que Signal a été approuvée pour les communications officielles de la CIA et a même été installée sur les ordinateurs de l’agence.
Loin de mesurer les effets de ce scandale, Donald Trump a défendu son équipe de sécurité et s’en est pris directement à la rédaction de The Atlantic. « Hegseth fait un super boulot, il n’a rien à voir avec ça », avait-il lancé, avant de dénoncer une « chasse aux sorcières » des démocrates, qui réclament la démission de Pete Hegseth, estimant que la vie de soldats américains aurait pu être mise en danger.
En fin de semaine dernière, un juge fédéral avait ordonné à l’administration Trump de « préserver » les messages de la conversation sur Signal. « J’assume mon entière responsabilité. J’ai créé ce groupe », avait déclaré, sur Fox News, Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, suggérant qu’il avait pu avoir le numéro du journaliste enregistré sur son téléphone en pensant que c’était celui de quelqu’un d’autre. Mais, malgré l’ampleur de l’affaire, aucun responsable de l’administration Trump ne devrait être limogé, a insisté le vice-président J. D. Vance… lui-même membre actif du fameux groupe.
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