Assassinat du patron d’UnitedHealthcare : Aux États-Unis, le ministère de la Justice requiert la peine de mort pour Luigi Mangione
Le ministère de la Justice des États-Unis ordonne que la peine de mort soit mise sur la table lors du procès de Luigi Mangione. Accusé d’avoir assassiné Brian Thompson, PDG de l’assureur privé UnitedHealthcare, mercredi 4 décembre 2024, le jeune homme a été inculpé et a plaidé non coupable de meurtre « terroriste » devant la justice de l’État de New York, où il encourt la prison à vie. La peine de mort requise par l’administration Trump pourrait, elle, être étudiée devant la justice fédérale.
« Après mûre réflexion, j’ai demandé aux procureurs fédéraux de requérir la peine de mort dans cette affaire, a ainsi annoncé la ministre Pam Bondi, mardi 1er avril. Ce meurtre était un acte de violence politique. » Luigi Mangione est accusé d’avoir tué Brian Thompson en représailles de sa politique consistant à privilégier les bénéfices d’UnitedHealthcare au profit des citoyens.
Une campagne de levée de fonds pour payer ses frais d’avocats
Filmé par une caméra de surveillance de l’hôtel où logeait Brian Thompson, le meurtre a fait le tour des réseaux sociaux, amenant à un débat national sur des assurances de santé accusées de privilégier leurs profits au détriment des soins, de refuser des remboursements et de faire traîner les procédures en longueur. Luigi Mangione en serait l’une des premières victimes.
Diplômé en ingénierie et issu d’une famille aisée et influente de Baltimore, ce dernier souffrait de problèmes de dos depuis plusieurs années, ce qui aurait contribué à son isolement. De quoi créer un engouement derrière l’accusé, qui a bénéficié d’un mouvement de sympathie sur les réseaux sociaux, avec des hashtags tels que #FreeLuigi et une campagne de levée de fonds sur Internet pour payer ses frais d’avocats, qui atteignait, mardi 1er avril, près de 800 000 dollars.
Symbole d’un capitalisme qui s’agrippe jusqu’aux problèmes de santé, afin d’accroître la richesse de ses investisseurs, le plus important assureur des États-Unis compte 51 millions de clients, 440 000 employés et réalise 371 milliards de dollars de chiffre d’affaires. UnitedHealthcare a notamment été épinglé pour avoir systématiquement refusé le remboursement de traitements et de procédures vitales à de nombreux usagers. En 2019, le taux de refus de l’assureur atteignait les 27 %.
De même, l’entreprise alors dirigée par Brian Thompson s’est spécialisée dans les actions lobbying à grande échelle, avec près de 17 millions de dollars dépensés entre 2023 et 2024 pour promouvoir son marché. UnitedHealthcare a aussi, lors des élections présidentielles de 2024, versé 742 271 dollars au camp de Kamala Harris et 158 000 dollars à celui de Donald Trump.
L’administration Trump tente d’« exécuter Luigi »
L’avocate de Luigi Mangione, Karen Friedman Agnifilo, a ainsi qualifié de « politique » la « décision » du gouvernement états-unien. Selon elle, l’administration Trump tente d’« exécuter Luigi », qui « est pris dans un bras de fer à enjeux élevés entre les procureurs de l’État et les procureurs fédéraux, sauf que le trophée est la vie d’un jeune homme ». Depuis son arrestation le 9 décembre dernier, le mouvement de sympathie autour de Luigi Mangione n’a pas été démenti. Ses comparutions au tribunal de New York font par exemple venir des dizaines de soutiens.
Karen Friedman Agnifilo a accusé le gouvernement de « défendre l’industrie de la santé défaillante, immorale et meurtrière qui continue de terroriser le peuple américain ». L’acte d’accusation n’a pas encore été rendu public dans le dossier fédéral de Mangione. « Il est très inhabituel que le ministère de la Justice annonce qu’il requerra la peine de mort dans une affaire où aucun acte d’accusation n’a été rendu public », questionne ainsi le Washington Post. Or, le procès au niveau fédéral doit être traité en priorité. La condamnation à la peine de mort pour Luigi Mangione apparaît donc comme plus plausible que jamais.
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