Plan militaire contre les Houthis du Yémen, Européens qualifiés de « profiteurs »… Ce que l’on sait de l’inclusion par erreur d’un journaliste dans une boucle Signal de la Maison Blanche

La Maison Blanche a confirmé, lundi 24 mars, que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, avait été inclus par erreur dans un groupe de discussion de hauts responsables américains, dont le chef de la diplomatie américaine, le ministre de la Défense, le vice-président et le patron de la CIA. Une faille de sécurité inédite.

Le journaliste a ainsi affirmé qu’après avoir été ajouté au groupe, il aurait reçu un plan militaire détaillé consacré à des bombardements du 15 mars contre les Houthis au Yémen. L’attaque avait tué au moins 53 personnes, « dont cinq enfants » et fait au moins 98 blessés, selon Anis Al-Asbahi le porte-parole du ministère de la Santé dirigé par les Houthis sur X, et plusieurs hauts responsables du mouvement rebelle auraient été tués. Donald Trump avait d’ailleurs promis « l’enfer » aux « terroristes houthistes ». En outre, parmi les messages consultés par Jeffrey Goldberg, le ministre de la Défense Pete Hegseth qualifie les Européens de « profiteurs ».

« Je déteste venir au secours des Européens encore une fois »

Ainsi, le rédacteur en chef explique que tout a commencé par une prise de contact le 11 mars émanant de Mike Waltz, via Signal, application très prisée des reporters et des responsables politiques grâce à la confidentialité qu’elle promet. Dans les jours qui suivent, le journaliste est invité à rejoindre un groupe de discussion et lit les messages que s’échangent 18 responsables de très haut niveau, dont, selon lui, le chef de la diplomatie états-unienne, Marco Rubio, le patron de la CIA, John Ratcliffe, et le vice-président, JD Vance.

Ce dernier estime, selon des propos reproduits dans The Atlantic, que conduire les frappes serait une « erreur », car l’opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens. « Si tu penses qu’il faut le faire, allons-y. C’est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois », écrit JD Vance à l’intention du ministre de la Défense, toujours selon le magazine. Lequel répond : « Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C’est PATHÉTIQUE », mais il justifie l’attaque pour « rouvrir les liaisons » maritimes.

« Je n’ai jamais vu une faille de sécurité comme celle-ci »

Après les raids, les membres du groupe de discussion se félicitent selon le journaliste du succès de l’opération, avec de nombreux emojis. Le rédacteur en chef de The Atlantic dit avoir eu, jusqu’à ce que sortent les premières informations sur les frappes bien réelles, de « très forts doutes » sur l’authenticité de cette boucle de messages.

Il ajoute : « Je n’arrivais pas à croire que le conseil à la sécurité nationale du président serait imprudent au point d’inclure le rédacteur en chef de The Atlantic », un magazine souvent critique de Donald Trump et que ce dernier étrille à la moindre occasion. « Je n’ai jamais vu une faille de sécurité comme celle-ci », assure ce journaliste chevronné. Jeffrey Goldberg ne révèle pas dans son article les détails confidentiels sur le plan d’attaque, et assure qu’il a quitté le groupe de discussion après les bombardements.

« Nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur »

Et la Maison Blanche a confirmé cet épisode. « Il semble pour l’instant que la chaîne de messages dont fait état l’article soit authentique, et nous cherchons à savoir comment un numéro a été ajouté par erreur », a dit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Brian Hughes. « Vous parlez d’un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars à maintes reprises », a déclaré le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé par des journalistes. « Personne n’a envoyé de plans de guerre et c’est tout ce que j’ai à dire à ce sujet », a-t-il ajouté.

Cette conversation « constitue la preuve d’une coordination profonde et réfléchie entre de hauts responsables », a tenté d’expliquer Brian Hughes. « D’un point de vue de sécurité opérationnelle, c’est le plus grand foirage possible. Ces gens ne
peuvent pas assurer la sécurité de l’Amérique »
, a au contraire critiqué sur X Pete Buttigieg, du parti démocrate.

« Je ne sais rien de tout cela », a affirmé Donald Trump. Sa porte-parole, Karoline Leavitt, a assuré que le président américain « continuait d’avoir la plus grande confiance dans son équipe de sécurité nationale, y compris son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz ».

Quant aux bombardements, ils se poursuivent contre les Houthis du Yémen. Une personne a été tuée et treize autres personnes ont été blessées par des bombardements sur un immeuble résidentiel de la capitale Sanaa au Yémen, a déclaré, dimanche 23 mars, le ministère de la Santé des rebelles houthis. L’attaque est attribuée aux États-Unis, qui n’ont pas confirmé avoir mené cette frappe mais un responsable du Pentagone a déclaré à l’Agence France-Presse que « le Centcom mène des frappes, de jour comme de nuit, contre plusieurs sites des Houthis soutenus par l’Iran au Yémen ».

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