ÉDITO. Emmanuel Macron sur TF1 : le président a-t-il réussi son opération de reconquête de l’opinion ?

L'interview d'Emmanuel Macron a duré plus de trois heures mardi 13 mai en prime time sur TF1, Le chef de l'État peut-il se féliciter de cette émission de télévision ? S’il s’agissait de solder les comptes pour préparer sa sortie, peut-être. Car cette émission a pris la forme d’une longue, d’une très longue purge du passé. Bousculé par ses nombreux interlocuteurs, Emmanuel Macron a été sans cesse renvoyé à ses huit années déjà passées au pouvoir.

L’œil dans le rétroviseur. Le président de la République s’est donc retrouvé sur la défensive, argumentant pied à pied pour justifier son action sur l’emploi, les déficits ou la réforme des retraites. Tout y est passé. Comme si à deux ans du terme de son mandat, le chef de l’État n’avait plus pour souci que de sauver son bilan avant de quitter la scène. Il a étalé la maîtrise des dossiers qu’on lui connaît, celle d’un candidat sûr de lui, qui donne l’impression de toujours repasser le grand oral de l’ENA. Il a aussi affiché cette assurance qui l’empêche de formuler le moindre mea culpa, la moindre autocritique. Mais au total, ce numéro avait surtout un côté fin de règne.

Plus convaincant sur les dossiers internationaux

Le chef de l’État espérait pourtant reprendre l’initiative sur la scène intérieure, mais avec quels moyens ? Pas de majorité, un gouvernement sur lequel il semble ne pas avoir la main, et une cote de popularité en berne. Emmanuel Macron était bien démuni pour tracer des perspectives d’action jusqu’en 2027. Réduit au rôle de spectateur, voire de commentateur impuissant, mais pas acteur des deux ans à venir. Peut-être devait-il en passer par cet exercice laborieux, purger ce passé, avant d’espérer reprendre la main. Mais mardi soir, le président n’a pas fait dannonce. Pas plus de nouvelle réforme, que de consultation ou de référendum précis, si ce n’est sur la fin de vie, mais seulement au cas où le débat parlementaire au Parlement s’enliserait.

Emmanuel Macron est apparu plus convaincant sur les dossiers internationaux, pour afficher son soutien à l’Ukraine, défendre son action diplomatique en faveur d’une paix juste, le réarmement de l’Europe face à la menace russe, ou encore pour qualifier de "honte" la politique de Benyamin Netanyahou et exhorter au cessez-le-feu à Gaza. C’est à ces enjeux géopolitiques majeurs que le chef de l’État devrait consacrer les deux dernières années de son mandat, plutôt que de chercher de l’oxygène, introuvable, sur la scène politique nationale. Mardi soir, l’émission "Koh-Lanta" avait été déprogrammée pour lui céder la place, mais c’est lui qui semblait un peu seul sur une île déserte, doté d’un minimum vital pour affronter les épreuves de politique intérieure. Et sans collier d’immunité. Au fil de l’émission, il a répété que pour la France, le "défi des défis, c’est de rester libre, de ne pas subir". Un leitmotiv qu’il semblait surtout s’adresser à lui-même.