Édito. Menace russe : Emmanuel Macron face aux "adversaires de l'intérieur"

Pour mettre en œuvre l’effort de réarmement annoncé par le chef de l’État, le gouvernement peut-il compter sur l’unité nationale ? Il prétend, en tout cas, vouloir la bâtir. Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, affirmait, dimanche 9 mars, dans La Tribune dimanche croire à "l’union nationale autour de nos forces armées". Il réunira cette semaine les présidents des groupes parlementaires, avec l’état-major et les services de renseignements, pour leur délivrer des informations sur la nature de la menace russe. Pour ne pas laisser les futurs candidats à l’élection présidentielle "trop loin des réalités du monde". En fait, l’intention du gouvernement, c’est de mouiller les oppositions pour les contraindre à se dévoiler. 
 
Si les socialistes et les écologistes soutiennent la fermeté de la France face à Vladimir Poutine et l’effort de réarmement annoncé, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont beaucoup plus ambigus. Ils s’opposent à la constitution d’une défense européenne puisque selon eux, la Russie ne menace ni la France, ni le reste de l’Europe, hors l’Ukraine. Calée sur la ligne de Donald Trump, Marine Le Pen récite les mots du président américain sur "les horreurs de la guerre" pour souhaiter une paix rapide en Ukraine sans exiger de garanties russes précises.

Ce qui en fait "une patriote de papier" et même une "adversaire de l’intérieur", selon les mots du patron du PS, Olivier Faure dimanche. D’ailleurs, au moment où Vladimir Poutine intensifie encore ses bombardements sur Kiev, le RN considère que le véritable "va t’en guerre", c’est Emmanuel Macron. Marine Le Pen l’accuse de "caricaturer" la menace russe et de "préparer la guerre" pour ressusciter "l’effet drapeau" qui l’avait servi lors de la présidentielle de 2022. Un argument bancal puisqu’en 2027, Emmanuel Macron, lui, ne sera pas candidat. 

Emmanuel Macron accusé d'avoir un plan secret

Cette ligne est avancée du bout des lèvres par la patronne de l’extrême droite qui craint de froisser l’opinion. Mais elle dispose de relais médiatiques puissants, et moins subtils, ceux du groupe Bolloré. Depuis une semaine, ses têtes de gondole, Pascal Praud, Cyril Hanouna et Laurence Ferrari, se relayent pour marteler le même message complotiste : Emmanuel Macron a un plan secret. Il veut "faire la guerre à la Russie" pour installer "le chaos en France", s’arroger les pleins pouvoirs  (article 16 de la Constitution), et ainsi rester à l’Élysée après 2027.

Une charge pas vraiment nuancée, mais qui a contraint l’Élysée à démentir dimanche que le chef de l’État ait affirmé vouloir "faire peur" à l’opinion, comme l’en accusait le JDD. Certes, Vladimir Poutine n’est pas sur le point d'envahir la France, mais la "cinquième colonne" de ses partisans tapis dans le pays a déjà déclenché les bombardements de fake news.