« La grossesse reste dangereuse dans une grande partie du monde » : la lutte contre la mortalité maternelle stagne, alerte l’ONU
La mortalité maternelle a baissé de 40 % entre 2000 et 2023 dans le monde, selon un rapport publié lundi 7 avril 2025 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au nom de plusieurs agences de l’ONU, et consulté par l’Agence France-Presse. Cependant, les progrès dans la lutte contre les décès des femmes au cours de la grossesse ou dans les 42 jours suivants ont ralenti ces dernières années. L’ONU s’inquiète surtout des coupes dans l’aide humanitaire, qui sapent les services de santé.
« Un décès toutes les deux minutes »
« Certaines régions sont déjà en train de reculer. Dans ce contexte de fragilité, la complaisance n’est pas seulement dangereuse, elle est mortelle », a déclaré la directrice de la santé sexuelle et reproductive à l’OMS, Pascale Allotey, en conférence de presse. L’OMS estime à 260 000 le nombre de femmes décédées en 2023 à la suite de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, soit « un décès toutes les deux minutes ». Sans surprise, les pays pauvres sont les plus touchés.
L’Afrique subsaharienne représentait environ 70 % des décès maternels en 2023. La lutte contre la mortalité maternelle a stagné dans cinq régions depuis 2015 : en Afrique du Nord, en Asie de l’Ouest, de l’Est et du Sud-Est, en Océanie (à l’exclusion de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande), en Europe et en Amérique du Nord, et en Amérique latine/Caraïbes. Le taux de mortalité maternelle aux États-Unis est « très bas » mais « c’est l’un des pays où l’on observe des tendances à la hausse », en progression de 38 % entre 2000 et 2023, a expliqué Jenny Cresswell, scientifique à l’OMS et auteure du rapport.
« Si ce rapport montre des lueurs d’espoir, les données soulignent également à quel point la grossesse reste dangereuse dans une grande partie du monde aujourd’hui », a indiqué le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué. « En plus de garantir l’accès à des soins de maternité de qualité, il sera essentiel de renforcer la santé et les droits reproductifs des femmes et des jeunes filles », a-t-il ajouté.
« Les réductions de fonds risquent d’entraîner un retour en arrière »
La publication de ce rapport s’inscrit dans un contexte particulier : les réductions dans l’aide humanitaire, en particulier depuis le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, ont de graves répercussions sur les soins de santé essentiels dans de nombreuses régions. Tout comme pour la pandémie de Covid, les coupes drastiques dans l’aide des États-Unis à l’étranger sont un « choc aigu auquel les pays n’ont pas eu le temps » de se préparer, estime l’OMS.
« Les réductions de fonds alloués risquent non seulement de compromettre les progrès mais aussi d’entraîner un retour en arrière », s’inquiète le docteur Bruce Aylward, sous-directeur général à l’OMS, lors d’une conférence de presse. « Nous allons être confrontés à des vents contraires de plus en plus forts », a averti le docteur, expliquant que la réduction de l’aide touche l’accès aux médicaments et aux matériels médicaux mais aussi aux personnels qualifiés.
Mi-mars, l’OMS alertait déjà sur l’impact de l’arrêt de l’agence d’aide à l’international des États-Unis (Usaid). Elle estimait notamment que pour la seule lutte contre le sida (VIH), les décisions états-uniennes « pourraient annuler vingt années de progrès, entraînant plus de 10 millions de cas supplémentaires de VIH et 3 millions de décès, soit trois fois plus de décès que l’année dernière ».
« Nous craignons qu’il y ait, comme dans toute crise humanitaire, un impact différencié et disproportionné sur les filles, s’inquiétait dans les colonnes de l’Humanité Lucie Dechifre, directrice des programmes de Plan International France. À partir du moment où il y a un coup d’arrêt aussi violent et brutal, on sait que chaque avancée que l’on a réussi à obtenir sur les questions relatives à l’égalité homme-femme est compromise. »
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