Mortalité infantile : l’ONU craint une hausse considérable, la suspension des aides internationales pointée du doigt

Après des décennies de progrès durement arrachés, la lutte contre la mortalité infantile pourrait subir un brutal coup d’arrêt. Les coupes de l’aide internationale, dont s’inquiète très sérieusement un rapport signé par l’Unicef, l’OMS et la Banque mondiale, publié ce lundi 24 mars, pourraient bien signer un nouveau recul. Si les États-Unis ne sont pas explicitement nommés, ce rapport voit le jour près de deux mois après l’annonce par l’administration de Donald Trump de la suppression de la majeure partie des programmes de l’USAID, dont le budget annuel était de 42,8 milliards de dollars.

Avec la crainte d’une « pandémie de sida » que pourrait très probablement favoriser la suspension de l’aide des États-Unis – qui finance initialement 50 % du programme ONUSIDA des Nations unies -, cette coupe drastique pourrait menacer la baisse historique de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, divisée par deux depuis l’an 2000 (-52 %). Catherine Russell, directrice de l’Unicef, craint un inversement « de ces progrès durement gagnés ».

5 000 enfants mort-nés chaque jour

« La communauté internationale de la santé ne peut pas être plus inquiète », déplore Fouzia Shafique, responsable des questions de santé à l’Unicef. En Éthiopie, où sévit une flambée de paludisme, les tests de diagnostic manquent, les moustiquaires traitées ne sont plus distribuées, et les campagnes d’éradication des moustiques sont stoppées faute de moyens. La réduction des financements frappera le plus durement « les régions où la mortalité infantile est déjà élevée », notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, alerte le rapport. Et les effets se font déjà ressentir : le rapport pointe du doigt « une pénurie de soignants, la fermeture de cliniques, l’interruption des campagnes de vaccination et manque de traitements ».

Chaque jour, ce sont 5 000 femmes qui « subissent l’expérience déchirante d’avoir un bébé mort-né », souligne le rapport. En 2023, 1,9 million de nouveau-nés n’ont pas survécu après 28 semaines de grossesse. Un nombre effarant, d’autant qu’un grand nombre de ces morts auraient pu être évitées avec un meilleur suivi médical et des accouchements sécurisés, notamment des bébés prématurés. Le rapport précise que ces décès pourraient aussi être évités en luttant contre des maladies curables comme la pneumonie et la diarrhée, dont sont victimes chaque année dans le monde 525 000 enfants de moins de cinq ans.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, insiste : « De la lutte contre le paludisme à la prévention des mortinaissances, en passant par des soins probants pour les plus petits bébés, nous pouvons faire une différence pour des millions de familles ». Alors que 83 % des programmes de développement de l’agence gouvernementale USAID ont été coupés, l’ONU appelle une nouvelle fois les pays donateurs à financer l’effort humanitaire, pour « élargir l’accès des enfants et des femmes enceintes aux services de santé, de nutrition et de protection sociale ». Et éviter une hécatombe.

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