Paludisme : le nombre de contamination dépasse les 263 millions en 2023, alerte l’OMS
« Personne ne doit mourir du paludisme ». Cette promesse solennelle, formulée le 6 mars dernier à Yaoundé par 11 ministres de pays africains, les plus durablement frappés par l’endémie du paludisme (aussi appelé malaria), résonne encore comme un espoir brisé.
En dépit de cet engagement, l’OMS fait un constat accablant dans son rapport annuel : le nombre de contaminations continue d’augmenter. En 2023, ce ne sont pas moins de 263 millions de cas de paludisme qui ont été recensés, et 597 000 morts à déplorer dans le monde. Une maigre diminution de 3 000 décès par rapport à 2022, n’apporte qu’une faible lueur d’optimisme face à cette maladie qui reste l’une des plus meurtrières au monde.
Le fardeau pèse particulièrement sur l’Afrique : 96 % des décès mondiaux surviennent sur ce continent. Le paludisme, maladie endémique, touche une centaine de pays, avec des bilans effroyables, notamment au Nigeria, en République démocratique du Congo, au Soudan et au Cameroun. Ce dernier pays recense pour lui seul 3 800 décès en 2021.
Considérée comme la maladie parasitaire la plus répandue au monde, elle est également l’une des plus meurtrières, en raison de la sévérité et de la rapidité de ses crises, comme le souligne Médecins Sans Frontières. Sa transmission par la piqûre d’un moustique infecté, porteur du parasite provenant d’une personne contaminée, en fait un fléau particulièrement redoutable.
Les symptômes incluent entre autres des maux de tête, des douleurs musculaires, des vomissements. Sans traitement, la maladie peut rapidement évoluer vers des formes plus graves, voire mortelles. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement vulnérables : chaque jour, en moyenne, 30 000 enfants perdent la vie à cause du paludisme, soit une victime toutes les trente secondes.
Des efforts de prévention insuffisants
Le rapport annuel de l’OMS est sans appel : malgré des avancées notables, les programmes dans la lutte contre le paludisme s’implantent trop lentement et restent insuffisants pour éradiquer la maladie. Depuis 2000, grâce aux campagnes de vaccination et de prévention, 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès ont été évités. Mais ces efforts demeurent bien en deçà de l’objectif de réduction de 75 % des décès, que s’était fixé l’OMS, d’ici 2025, par rapport à 2015.
Les progrès scientifiques, notamment l’introduction de deux vaccins antipaludiques, ont permis de sauver des vies. Mais l’OMS et les organisations de santé insistent sur l’importance de renforcer les actions de prévention, en particulier par le déploiement de moustiquaires imprégnées d’insecticides. La priorité reste la vaccination, avec des campagnes lancées dans près de 17 pays d’Afrique subsaharienne, explique l’épidémiologiste Mary Hamel, responsable de l’équipe vaccination à l’OMS.
Près de 2 millions d’enfants ont ainsi été immunisés dans des pays comme le Ghana, le Kenya et le Malawi au cours des quatre dernières années. Une immunisation antipaludique qui devrait sauver des dizaines de milliers de jeunes chaque année selon l’OMS. Celle-ci a déjà produit ses effets dans cinq pays (Azerbaïdjan, Belize, Cap Vert, Tadjikistan et Égypte) qui se félicitent d’avoir éradiqué la maladie.
« La richesse influence fortement le risque de paludisme »
Cependant, la lutte contre le paludisme ne parvient toujours pas à atteindre certaines populations, dont l’inaccessibilité aux soins les place en première ligne face à la maladie. Le continent africain continue de soutenir une part disproportionnée des contaminations mondiales.
L’inégalité en matière de santé ne s’arrête pas là, comme le rappelle le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus qui met en évidence la prévalence accrue de l’infection dans les foyers vivants dans la pauvreté, affirmant que « la richesse influence fortement le risque de paludisme ».
Les conditions de logements insalubres et les mauvaises conditions sanitaires augmentent le risque de transmission de la maladie, tandis que le manque d’information et l’accès limité aux soins et à la vaccination rendent les populations encore plus vulnérables.
Face à cette situation, l’OMS a mis en évidence les causes sous-jacentes de la stagnation dans la lutte contre le paludisme : le manque criant de financement des systèmes de santé, les conditions insalubres des populations déplacées par les conflits, et les températures favorables à la prolifération des moustiques, exacerbées par le changement climatique.
Le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus déplore, dans le rapport, des « systèmes de santé fragiles, une surveillance insuffisante, des déficits de financement, ainsi que la propagation de la résistance des moustiques aux antipaludiques ». Selon l’organisation, les espoirs d’éradiquer rapidement et durablement la maladie restent illusoires tant que les causes profondes de ce fléau ne sont pas abordées. Le temps continue de jouer contre les vies que le paludisme emporte chaque jour.
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