« Il faut qu’ils achètent » : face aux réponses de la Chine et de l’UE, Trump accentue la pression sur les droits de douane

Sûr de son coup, le président des États-Unis, Donald Trump, ne compte pas annoncer de pause dans sa guerre commerciale mondiale lancée en grande pompe lors de son « jour de la libération », mercredi 2 avril. Au contraire, le locataire de la Maison Blanche est satisfait du nouveau rôle qu’occupe le pays sous sa gouvernance au sein de l’échiquier mondial. C’est ce qu’il a réaffirmé lundi 7 avril, depuis le bureau Ovale et avec le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou – qui tente d’obtenir un traitement de faveur -, à ses côtés.

« On n’envisage pas » de suspendre l’augmentation des droits de douane, a-t-il lancé aux journalistes qui l’ont questionné sur une telle éventualité. De nombreux pays (viennent) négocier ». Donald Trump compte ainsi forcer la main de ses interlocuteurs et obtenir des accords qui seront, selon ses standards, « équitables ».

« Pas la bonne manière de traiter avec nous »

Ce semblant d’espoir a, en tout cas, suffi aux Bourses mondiales, dont les yeux sont rivés sur les déclarations de la Maison Blanche. Sur fond d’information de presse erronée – selon laquelle l’administration Trump aurait pu envisager une pause pour ses droits de douane – les marchés ont brièvement tenté de remonter vers 16 heures (heure de Paris), avant de replonger suite au démenti de l’ex-magnat de l’immobilier.

Les premières réponses ne se sont pas faîtes attendre. La Chine – déjà frappée d’une surtaxe additionnelle de 20 % – a promis, mardi 8 avril, de combattre les droits de douane américains. « Nous avons dit clairement à plusieurs reprises que faire pression ou menacer la Chine n’était pas la bonne manière de traiter avec nous, a prévenu, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), le porte-parole de l’ambassade chinoise aux États-Unis, Liu Pengyu. La Chine préservera avec fermeté ses droits et intérêts légitimes. »

Les deux premières économies mondiales semblent ainsi prêtes à l’escalade, alors que Donald Trump menaçait de nouveau Pékin sur sa plateforme Truth Social, lundi : « Si la Chine ne retire pas son augmentation de 34 % (…) d’ici à demain, les États-Unis imposeront des droits de douane additionnels de 50 % sur la Chine, à partir du 9 avril. » S’il met à exécution sa dernière menace, cela portera la surtaxe à un exorbitant 104 %, de quoi doubler le prix des produits chinois à l’entrée sur le sol états-unien.

« Nous sommes prêts à défendre nos intérêts »

De même pour l’Union européenne (UE), dont le président des États-Unis a jugé la proposition d’une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels (dont les voitures) « pas suffisante ». Lors d’une conférence de presse organisée lundi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réaffirmé la position des Vingt-sept – visés par une taxe de 20 % -, à savoir être « toujours prête à conclure un bon accord » avec les États-Unis. « Nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts », a-t-elle toutefois prévenu.

« L’Union européenne s’est très, très mal conduite avec nous », a rétorqué le président états-unien. Il assure que le déficit commercial accusé par les États-Unis avec l’UE allait « disparaître rapidement », grâce à une augmentation des achats d’énergie américaine par les Européens. « Il faut qu’ils achètent et qu’ils s’engagent à acheter un montant équivalent (à ce déficit commercial) en énergie », a-t-il martelé. Après tout, le président qui conceptualise la politique comme un homme d’affaires considère l’Europe « principalement comme un concurrent économique », comme le rappelait son ancien conseiller à la sécurité nationale, Herbert Raymond McMaster, face au Council on Foreign Relations, le 8 janvier dernier.

Or, Donald Trump estime que les États-Unis, la première économie mondiale, sont « pillés » par le reste du monde. Imposer un taux additionnel de 10 % sur tous les produits importés aux États-Unis, entré en vigueur samedi avec quelques exceptions comme l’or et l’énergie, puis le relever dès mercredi 9 avril pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (+20 %) et le Vietnam, doit lui permettre de souffler le chaud et le froid au gré de ses envies.

Les annonces du secrétaire au Trésor, Scott Bessent, sur le plateau de Fox News en sont un bon exemple. Ce dernier a affirmé que « 50, 60, peut être près de 70 pays » avaient contacté l’administration Trump pour discuter. Il a surtout annoncé que le Japon aurait « la priorité » dans toute négociation en raison de la réaction rapide de Tokyo et de ses liens avec les États-Unis. De même avec l’invitation de Benyamin Netanyahou, Israël étant l’un des plus proches alliés de la Maison Blanche. Loin d’être seulement économique, la guerre enclenchée par Donald Trump est avant tout politique.

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