Pendant que le massacre se poursuit à Gaza, Netanyahou à Washington pour négocier les droits de douane
Sur la seule journée du dimanche 6 avril, « le bilan des frappes israéliennes s’élève à au moins 44 morts, dont 21 à Khan Younès », et des dizaines de blessées, dans le sud de la bande de Gaza. Le porte-parole de la défense civile dans le territoire palestinien, Mahmoud Bassal, a ajouté que l’un des bombardements a tué six Palestiniens dans le quartier d’Al-Touffah, dans la ville de Gaza, où un groupe de personnes s’était rassemblé près d’une boulangerie. Trois enfants figurent parmi les morts.
En Cisjordanie, le maire de Tourmous Aya, Adib Lafi Shalabi, a annoncé qu’un adolescent de nationalité états-unienne a été tué et deux autres blessés par l’armée israélienne, toujours dimanche. Cette dernière s’est de son côté défendue en affirmant avoir « identifié trois terroristes qui jetaient des pierres en direction de l’autoroute, mettant en danger les civils » qui y circulaient. « Les soldats ont ouvert le feu », annonce le communiqué.
« Le lien unique entre les États-Unis et Israël »
En parallèle de cette entreprise génocidaire, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et le président des États-Unis, Donald Trump, ont prévu de discuter principalement de commerce international, lundi 7 avril à Washington. Benyamin Netanyahou est le premier dirigeant étranger à rencontrer son homologue états-unien depuis que ce dernier a décidé d’imposer des droits de douane supplémentaires au monde entier, dont Israël.
« Je pense que cela reflète la relation personnelle spéciale et le lien unique entre les États-Unis et Israël, qui est si vital en ce moment », s’est réjoui le chef de l’État israélien. Arrivé à Washington dimanche – directement après une visite de quatre jours en Hongrie, et ce, malgré le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) -, Benyamin Netanyahou assume donc son principal objectif : persuader le locataire de la Maison Blanche de revenir sur sa décision.
Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont visés depuis samedi par des droits de douane supplémentaires de 10 %. Mais l’addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays, qui exportent plus vers les États-Unis qu’ils n’importent de produits américains. Israël se verra ainsi infliger des droits de douane s’élevant à 17 %. Le premier ministre a justement rencontré, dimanche 6 avril, le secrétaire états-unien au Commerce, Howard Lutnick, afin d’aborder les détails techniques de ces nouveaux droits de douane.
Selon Jonathan Rynhold, directeur des études politiques à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, Benyamin Netanyahou va chercher à obtenir une exemption des droits de douane pour Israël avant qu’ils n’entrent en vigueur. Une telle exemption profiterait non seulement au plus proche allié de Donald Trump au Moyen-Orient, mais « ferait également plaisir aux républicains du Congrès, qui à ce stade ne sont pas disposés à affronter M. Trump sur ce sujet », résume-t-il à l’Agence France-Presse (AFP).
Jouer le jeu de Donald Trump
Tel-Aviv a déjà tenté d’échapper aux nouvelles taxes grâce à des mesures préventives instaurées mardi 1er avril, soit à la veille de l’annonce de Donald Trump. Le gouvernement israélien avait alors levé la totalité des droits de douane restants sur les 1 % de marchandises américaines encore concernées. Pas suffisant pour le locataire de la Maison Blanche, qui a maintenu ses mesures, affirmant que les États-Unis accusaient un déficit commercial important avec Israël, l’un des principaux bénéficiaires de leur soutien militaire.
Le voyage du premier ministre israélien est « également un moyen pour Netanyahou de jouer le jeu et de montrer à Trump qu’Israël le suit », estime Yannay Spitzer, professeur d’économie à l’Université hébraïque. « Je ne serais pas surpris si des concessions envers Israël étaient annoncées (…) et cela servirait d’exemple pour d’autres pays », ajoute-t-il.
Benyamin Netanyahou et Donald Trump ont néanmoins prévu d’échanger sur le sort qu’ils réservent à la bande de Gaza, comme aux autres territoires palestiniens, a indiqué le bureau du premier ministre israélien. Lors de leur précédente rencontre à la Maison Blanche, mardi 4 février, le président des États-Unis avait pris de court le monde entier, en annonçant vouloir coloniser une bande de Gaza rasée et vidée de sa population, pour y bâtir la « Riviera du Moyen-Orient ».
Sur le dossier iranien, lui aussi au menu de cette rencontre, Donald Trump a appelé l’Iran, ennemi des États-Unis et d’Israël, à des « négociations directes » sur un nouvel accord visant à limiter le programme nucléaire de la République islamique. Il a aussi menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. Menace à laquelle l’Iran a répondu dimanche 6 avril, en annonçant, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qu’un dialogue direct avec les États-Unis n’aurait « aucun sens ».
Depuis qu’Israël a repris, le 18 mars, son massacre au sein de la bande de Gaza, après une trêve – bafouée régulièrement – de deux mois avec le mouvement islamiste palestinien du Hamas négociée par l’intermédiaire des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte, plus de 1 330 Palestiniens ont été tuées, selon le ministère de la Santé du Hamas. Enfin, sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, 58 sont toujours retenues dans le territoire palestinien, dont 34 sont mortes selon l’armée israélienne.
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