Guerre en Ukraine : Trump tente de prendre « possession » des centrales électriques lors de son appel « fantastique » avec Zelensky

Malgré les messages de satisfaction et les bilans flatteurs, les contours du cessez-le-feu négocié par les États-Unis, l’Ukraine et la Russie restent flous. Le président états-unien, Donald Trump, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, se sont entretenus pendant près d’une heure, mercredi 19 mars. Une première depuis leur échange ayant tourné à l’humiliation publique pour le second, fin février.

Les deux chefs d’État ont entériné le projet de trêve négocié plusieurs jours auparavant, et présenté par Donald Trump à Vladimir Poutine le 18 mars. La première mouture proposait un arrêt complet des combats pendant trente jours. La nouvelle limite le cessez-le-feu aux zones limitrophes d’infrastructures énergétiques.

« L’un des premiers pas en vue d’un arrêt complet »

« J’ai soutenu cette mesure et nous sommes prêts à la mettre en œuvre », a confirmé Volodymyr Zelensky sur X. Il a aussi précisé que la conversation n’avait porté que sur « une centrale, qui est sous occupation russe » : le grand site nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine. Le chef d’État a cependant abordé, dans son message, le sort des infrastructures civiles comme « l’un des premiers pas en vue d’un arrêt complet de la guerre ». Un point que la Russie a éjecté des négociations pour se concentrer sur le secteur de l’énergie.

En contrepartie, le dirigeant russe a présenté « la cessation totale de l’aide militaire à Kiev (comme) une condition essentielle à la résolution du conflit en Ukraine », selon l’agence russe Tass. Du côté de Washington, le ton s’est nettement adouci par rapport à l’hostilité ouverte avec laquelle le président ukrainien avait été accueilli récemment par Donald Trump dans le bureau ovale.

Le président états-unien – qui obtient ce qu’il souhaite au fur et à mesure que les négociations avancent – a loué un appel téléphonique « fantastique » avec son homologue ukrainien, a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Amabilités que lui a rendues Volodymyr Zelensky, qui a vanté un échange « positif, très substantiel et franc ». Un communiqué officiel des États-Unis insiste, de son côté, sur le fait que le président ukrainien aurait « remercié » plusieurs fois Donald Trump pour son action, tel un passage d’humiliation obligatoire. Soit l’instauration d’un rapport de force déséquilibré entre les deux dirigeants, avec un sauveur d’un côté et un sauvé de l’autre.

« La meilleure protection et le meilleur soutien possible »

De quoi légitimer, selon la Maison Blanche, les multiples exigences d’un Donald Trump prêt à capitaliser – et s’enrichir – sur la guerre en cours. Comme à son habitude depuis son retour aux manettes, l’élu républicain a ainsi profité de sa position de force pour tenter un braquage : prendre « possession » des centrales électriques ukrainiennes. Cela « constituerait la meilleure protection et le meilleur soutien possible », a-t-il soutenu lors de sa discussion avec Volodymyr Zelensky.

En guise de contrepartie, la Maison Blanche doit accéder à la requête de Kiev, qui a « demandé des systèmes de défense antiaérienne ». Ce à quoi « le président Trump a accepté de travailler avec (Volodymyr Zelensky) pour voir ce qui était disponible, notamment en Europe », a déclaré Karoline Leavitt. La porte-parole de la Maison Blanche a ajouté que « le partage de renseignements militaires pour la défense de l’Ukraine » allait « continuer ». L’Ukraine a, de plus, reçu « plusieurs » avions de chasse F-16 supplémentaires.

De nombreuses questions de fond restent néanmoins en suspens après ces deux conversations menées par Donald Trump. Parmi elles : l’avenir de l’aide européenne à l’Ukraine, dont Vladimir Poutine réclame l’arrêt ; mais aussi l’éventuel « partage » territorial évoqué récemment par le président états-unien.

Des pourparlers doivent se tenir en Arabie saoudite dans les prochains jours, alors que les combats se poursuivent sur le front – la Russie a été attaquée par 132 drones ukrainiens et l’Ukraine par 171 drones russes, dans la nuit de mercredi à jeudi. L’objectif est d’arriver à une trêve étendue à la mer Noire, puis à un cessez-le-feu total, et enfin à des négociations de paix.

En parallèle, les chefs militaires d’une trentaine de pays soutenant l’Ukraine se réunissent à Londres, jeudi 20 mars. L’objet de cette rencontre est la « phase opérationnelle » de leur plan de maintien de la paix en cas de cessez-le-feu. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, s’efforce ainsi – avec le président français Emmanuel Macron – de constituer une « coalition de pays volontaires » prêts à contribuer d’une façon ou d’une autre à ce plan.

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