« La stratégie de Donald Trump a payé » : la Maison Blanche tente de sauver les meubles suite à la suspension de sa guerre commerciale
Qu’elle ait été prévue dès le départ ou amorcée en catastrophe, la « pause » annoncée par Donald Trump pour l’application de ses nouvelles barrières douanières, pour une durée de quatre-vingt-dix jours, n’en reste pas moins un tournant majeur. La guerre commerciale rêvée par le président des États-Unis devait entrer en vigueur jeudi 10 avril ; son annulation a été révélée au cours du mercredi 9 avril, par un simple message diffusé sur la plateforme trumpiste, Truth Social.
Un simple taux plancher de 10 % sera finalement appliqué sur l’intégralité des produits importés aux États-Unis. Soit une mesure protectionniste, mais dont l’ampleur mesurée devrait éviter le cataclysme annoncé lors du « Liberation Day », le 2 avril dernier. Seule la Chine voit des droits de douane de 125 % à son encontre entrer en vigueur.
La Chine ou l’Union européenne n’ont pas hésité à répliquer
Les raisons de ce revirement paraissent limpides : les cours de Bourse chutaient un à un à travers la planète, certaines voix dissonantes – dont le milliardaire libertarien Elon Musk – apparaissaient jusque dans le camp républicain et des acteurs comme la Chine ou l’Union européenne n’ont pas hésité à répliquer. Les niveaux atteints par l’effondrement des cours depuis début avril, sur les places financières d’Asie, en Europe et jusqu’à Wall Street, étaient alors comparables à ceux enregistrés au début des plus retentissants krachs du siècle dernier, ou suite à la pandémie de Covid.
Ce qui n’empêche pas les soutiens du président d’extrême droite de refaire le match. « La stratégie de Donald Trump a payé », a ainsi assuré, mercredi 9 avril, le ministre des Finances, Scott Bessent. Interrogé par un panel de journalistes au sein du Bureau ovale, le chef d’État a quant à lui affirmé, le même jour, que la décision « a probablement été prise tôt ce matin, assez tôt ». L’ex-magnat de l’immobilier s’est ensuite lancé dans des formules grandiloquentes – et vagues – pour expliquer les contours de son choix : « Nous l’avons simplement rédigée. Nous n’avons pas eu recours à des avocats. Nous l’avons rédigée avec le cœur. »
Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a de son côté entretenu le récit en annonçant avoir été aux côtés du président et de Scott Bessent à la Maison Blanche, lorsque Donald Trump a rédigé « l’un des plus extraordinaires messages Truth de sa présidence », sur son compte X… douze minutes après la publication de la missive de Trump. Quelques heures plus tôt, dans la matinée, le président des États-Unis avait remis ses habits d’homme d’affaires, pour un exercice de confusion des registres dont il est coutumier. Il avait posté, déjà sur son réseau personnel, un cryptique : « C’est un excellent moment pour acheter ! »
Malgré ce revirement, le conflit global lancé par la Maison Blanche reste d’actualité. Les droits de douane visant la Chine ont été maintenus. Choix auquel Pékin a répondu dès jeudi 10 avril, avec l’entrée en vigueur des surtaxes de rétorsion de 84 % sur les produits états-uniens. Ces nouvelles taxes s’appliqueront à tous les produits qui entreront sur le territoire chinois, dont la valeur a atteint 143,5 milliards de dollars en 2024, selon le Bureau du Représentant états-unien au Commerce. Le gouvernement chinois a également annoncé le lancement d’une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dénonçant la « coercition » de la Maison Blanche.
L’administration Trump peut ainsi se reposer sur ses acquis : agiter une soi-disant menace venue de Pékin. « La Chine est l’économie la plus déséquilibrée de l’histoire du monde moderne, et ils sont la plus grande source de problèmes commerciaux pour les États-Unis, a lancé Scott Bessent, dans une énième tentative de reprendre le contrôle du récit. C’était (la) stratégie tout du long et vous pourriez même dire qu’il (Donald Trump) a attiré la Chine dans une position défavorable. Ils ont répondu. Ils se sont révélés au monde comme un acteur malveillant. » En parallèle, le Vietnam et les États-Unis « devraient rapidement négocier un accord commercial bilatéral », a annoncé le vice-premier ministre vietnamien, Ho Duc Phoc, jeudi 10 avril.
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