Droits de douane : l’UE riposte avec 26 milliards de taxes sur les produits américains pour pousser Trump à négocier

La Commission européenne a annoncé mercredi à l’aube qu’elle appliquerait des droits de douane « forts mais proportionnés » sur une série de produits importés des États-Unis comme les motos Harley-Davidson, des denrées agricoles comme le soja ou la viande, mais aussi des appareils ménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses à gazon à partir du 1er avril, en réponse aux nouvelles taxes américaines qu’elle a jugées « injustifiées » et « nuisibles ».

La Commission européenne assume de cibler volontairement des produits provenant d’États républicains comme la Louisiane, la Géorgie, le Nebraska ou l’Arkansas. Bruxelles estime que les mesures américaines affecteront 28 milliards de dollars de marchandises, soit 26 milliards d’euros. Elle affirme que la réplique de l’UE touchera le même montant de
marchandises américaines.

« Scénario perdant-perdant »

La rapidité de la riposte de l’UE contraste avec la réponse d’autres grands pays, comme la Chine, le Japon ou le Royaume-Uni, qui n’ont pas immédiatement dévoilé de contre-mesures. L’UE « regrette profondément » les taxes décidées par le président Donald Trump, a dit la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, depuis le Parlement européen à Strasbourg.

« Les droits de douane sont mauvais pour les affaires et encore pires pour les consommateurs », a-t-elle souligné, le visage fermé. « Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux États-Unis », a-t-elle prévenu, tout en ouvrant la porte à un « dialogue constructif » avec l’administration américaine.

Les droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium voulus par le nouveau locataire de la Maison Blanche sont devenus effectifs ce mercredi. Le Canada, la Chine, l’Union européenne, le Japon ou encore l’Australie sont concernés, alors que le but affiché de Donald Trump est de protéger l’industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d’année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d’Asie.

Les entreprises américaines qui font des affaires en Europe ont dit publiquement leur « opposition » aux décisions de la Maison Blanche. « Ces droits de douane, ainsi que les contre-mesures annoncées par l’UE, ne feront que nuire à l’emploi, à la prospérité et à la sécurité des deux côtés de l’Atlantique. Les deux parties doivent désamorcer l’escalade et trouver d’urgence une issue négociée », a estimé Malte Lohan, président de la Chambre de commerce américaine dans l’UE (AmCham EU).

Le patronat européen a également fustigé les mesures américaines, dénonçant « un scénario perdant perdant » pour les deux rives de l’Atlantique. « L’Europe doit être unie dans sa réponse. La priorité absolue pour l’UE est de protéger ses intérêts, avec l’objectif ultime de trouver une solution négociée », a estimé Markus Beyrer, directeur général de BusinessEurope, organisation qui regroupe les fédérations d’employeurs de 35 pays, dont le Medef en France et le BDA en Allemagne.

Le président américain avait déjà taxé les importations d’acier et d’aluminium durant son premier mandat (2017-2021) mais les nouveaux droits de douane entrés en vigueur mercredi vont beaucoup plus loin. La réplique européenne s’effectuera en deux temps. Au 1er avril, les contre-mesures de l’UE mises en place en 2018 et 2020 en réponse aux droits de douane américains du premier mandat de Donald Trump seront automatiquement rétablies, leur suspension arrivant à expiration au 31 mars. Une deuxième salve de taxes entrera en application au 13 avril.

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