"Des femmes en Amérique" de Virginie Adane
Pour mieux comprendre les États-Unis – dont l’histoire peut sembler dominée par les figures masculines, de Washington à Trump en passant par Ford, Disney, Presley ou Armstrong –, il faut lire cet autre récit, celui du rôle joué par les femmes, depuis la colonisation jusqu’à aujourd’hui.
La mise en garde d'Abigail Adams
Le récit est divisé en 20 chapitres, avec à chaque fois pour commencer, un nom mis en avant.
On découvre par exemple la marchande Margaret Hardenbroeck, l’une des personnalités les plus puissantes et les plus riches de New York au 17ème siècle, mais aussi Harriet Tubman, surnommée "La Moïse noire" pour avoir libéré clandestinement des centaines d’esclaves au 19ème siècle, ou encore Abigail Adams, la femme du Père fondateur John Adams.
Abigail Adams avait mis en garde son mari avant la rédaction de la Déclaration d’indépendance : "Souvenez-vous, tous les hommes seraient des tyrans s’ils le pouvaient. Si une attention particulière n’est pas prêtée aux dames, nous sommes déterminées à nous rebeller."
Des militantes dans l'ombre de Martin Luther King
Certaines de ces femmes sont déjà célèbres en France, mais ce sont des femmes qu’on connaît mal, en vérité. On a longtemps sexualisé l’histoire de Pocahontas, fantasmé celle de Calamity Jane et tronqué celle de Rosa Parks, qui avait refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus en 1955, dans l'Alabama.
Rosa Parks n’est pas une simple couturière devenue soudainement une héroïne de la lutte pour les droits civiques : son action était l’aboutissement d’années de militantisme souvent oubliées, comme a été oublié l’engagement de nombreuses femmes afro-américaines, dans l’ombre des leaders du mouvement, tel Martin Luther King.
C’est aussi cela que raconte Virginie Adane : au-delà des 20 femmes citées en exemple, elle met en lumière toutes celles qui ont contribué à façonner ce pays, parce qu’elles ont combattu, travaillé, prêché, étudié, inventé, mais aussi parce qu’elles ont, pour beaucoup d'entre elles, géré leur foyer et éduqué leurs enfants.
Le travail de terrain des républicaines
Mais toutes ces femmes, évidemment, n'avaient pas les mêmes objectifs. C’est aussi ce qui permet de comprendre la complexité de cette société.
Dans le dernier chapitre, par exemple, Virginie Adane s’intéresse au travail des militantes républicaines qui, depuis les années 2000, défendent, sur le terrain, un modèle de féminité "traditionnelle", marqué par une "une vision conservatrice de la famille" et une "subordination à un exercice masculin du pouvoir". Un réseau qui n’est pas pour rien dans le succès de l’actuel président américain.