Changement climatique : les États investissent toujours plus d’argent pour les énergies fossiles que pour la santé

Un nouvel appel à « mettre la main à la pâte » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et s’adapter au changement climatique. C’est l’une des conclusions du neuvième Compte à rebours de la revue The Lancet sur la santé et le changement climatique, paru le 29 octobre. Treize des vingt indicateurs de suivis des menaces sanitaires, examinés par les 128 experts multidisciplinaires du monde entier ayant contribué au rapport, ont ainsi atteint des niveaux records.

La vie, la santé et les moyens de subsistance des populations sont fortement impactés par la dépendance excessive et continue aux combustibles fossiles et l’incapacité à s’adapter au changement climatique, selon les auteurs.

Les chiffres mis en avant par le rapport sont révélateurs : au niveau mondial, 16 des 19 jours de canicule potentiellement mortels entre 2020 et 2024 n’auraient pas eu lieu en l’absence de changement climatique. La France n’est pas en reste : en 2024, les Français ont été exposés en moyenne à 12 jours de canicule, dont 9 n’auraient pas existé sans le changement climatique.

546 000 décès par an liés à la chaleur

Avec des conséquences concrètes : en moyenne, 546 000 décès par an dans le monde entre 2012 et 2021 étaient liés à la chaleur, soit une hausse de 23 % depuis les années quatre-vingt-dix. L’évolution des conditions climatiques mondiales a un impact sur la transmission de maladies infectieuses mortelles, comme la dengue, dont le potentiel de transmission a augmenté de 49 % depuis les années 1950.

Les auteurs du rapport insistent également sur les reculs des gouvernements sur leurs engagements climatiques, à quelques jours de la COP30 qui doit débuter le 10 novembre à Belém, au Brésil. Selon eux, 15 des 87 pays responsables de 93 % des émissions mondiales de CO2 dépensaient, en 2023, davantage en subventions nettes aux combustibles fossiles que leur budget national de santé.

La responsabilité des banques privées est également pointée, avec 611 milliards de dollars investis dans le secteur des combustibles fossiles en 2024 par les 40 principaux prêteurs, une hausse de 29 % par rapport à l’année précédente. De fait, les grands groupes pétroliers et gaziers développent leurs plans de production à une échelle trois fois supérieure à ce que la planète peut supporter pour rester vivable. Le compte à rebours du Lancet résonne comme un avertissement clair.

« Nous disposons déjà des solutions nécessaires pour éviter une catastrophe climatique »

Ces orientations sont d’autant plus dommageables que les actions pour réduire les émissions de GES ont des effets : selon le rapport, 160 000 vies sont sauvées chaque année du fait de l’abandon du charbon. « La suppression rapide des combustibles fossiles reste le levier le plus puissant pour ralentir le changement climatique et protéger des vies » indique Marina Romanello, directrice exécutive du Compte à rebours du Lancet à l’University College de Londres.

Mais d’autres pistes sont également soulignées par le rapport. Ainsi, rappelle-t-elle, « l’adoption de régimes alimentaires plus sains et respectueux du climat et de systèmes agricoles plus durables permettrait de réduire massivement la pollution, les gaz à effet de serre et la déforestation, ce qui pourrait sauver plus de dix millions de vies par an ».

Cette neuvième évaluation insiste sur un constat : « Nous disposons déjà des solutions nécessaires pour éviter une catastrophe climatique, et les communautés et les gouvernements locaux du monde entier prouvent que des progrès sont possibles », déclare Marina Romanello. Les États parties prenantes à la prochaine COP s’en saisiront-ils ?

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