Cancer, asbestose, silicose… Face à l’État, l’ultime bataille des mineurs de fond pour la reconnaissance d’une faute inexcusable

Freyming-Merlebach (Moselle), envoyé spécial.

Dans le local du syndicat des mineurs CFDT de Freyming-Merlebach (Moselle), Ernest reprend son souffle. « Parfois, en parlant, je n’arrive plus à respirer. Alors je m’énerve. Et en retour, c’est ma femme qui s’agace et tout mon entourage pâtit indirectement de mon état de santé. » Sur les murs, un appel unitaire est visible : « Reconnaissance des expositions de tous les anciens salariés de la corporation minière à l’amiante, à la silice cristalline et à d’autres substances. »

Main droite sur la bouche, pour un exercice sur sa respiration entre deux blocs de phrase, l’ex-mineur de fond de 74 ans, poursuit : « Je ne vis plus sans avoir ma Ventoline à proximité. Avec mes petits-enfants ? Deux petits coups dans un ballon et je m’arrête. Et surtout, la nuit, à cause de la désaturation, je dors avec un masque pour respirer suffisamment d’oxygène. »

À Freyming-Merlebach, le souvenir de l’exploitation des mines de houille est encore palpable. L’ancien siège des Houillères du bassin de Lorraine (HBL) et ses douze étages surplombent encore la commune. Le 20 septembre 2003, les quatre dernières berlines de charbon étaient symboliquement remontées du fond de la mine. Vingt-deux ans plus tard, les corps des anciens ouvriers subissent encore les conséquences de l’exploitation de l’or noir.

Chez ces ex-mineurs, les maladies se conjuguent au pluriel

Ce mardi de juin, sous le soleil lorrain, le local syndical tient permanence. Dans le bureau dédié aux contentieux, plus de 2000 dossiers sont « ouverts ». Soit pour une demande de reconnaissance de maladies professionnelles. Soit pour obtenir reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur, l’État, propriétaire des ex-sociétés minières, Charbonnages...