Climat : 2300 nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles lancés depuis 2021, dénonce un rapport

La transition hors des énergies fossiles, telle qu’inscrite dans le Consensus de Dubaï arraché à l’issue de la COP28 en 2023, n’est pas pour tout de suite. Dans un rapport publié lundi 27 octobre, les associations Éclaircies, Data
for Good, LINGO et Reclaim Finance tirent la sonnette d’alarme : l’industrie des hydrocarbures a prévu plus de 2 300 nouveaux projets d’exploitation depuis 2021, qui verront le jour d’ici 2050. Ces programmes émettraient onze fois le budget carbone global restant afin de maintenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C, tel que les États s’y sont engagés dans l’accord de Paris.

Parmi eux, on retrouve des mégaprojets appelés « bombes carbone », c’est-à-dire qui pourraient générer plus d’un milliard de tonnes – ou une gigatonne – de Co2 au cours de leur exploitation, menés notamment en Russie, en Australie, ou encore aux États-Unis.

Ont ainsi été identifiées 176 bombes carbone supplémentaires aux quatre coins du globe depuis le précédant recensement de la plateforme CarbonBombs.org deux ans plus tôt, soit un total de 601. Derrière cet extractivisme effréné, des firmes comme TotalEnergies, China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), Eni, BP ou Shell.

« Ces nouvelles données montrent que l’industrie fossile et ceux qui la financent sont en train de réduire en cendre l’Accord de Paris. Pendant des années, leurs intérêts financiers ont primé sur la prévention d’un effondrement climatique irréversible », dénonce Lou Welgryn, secrétaire générale de Data for Good. De son côté, Kjell Kühne, directeur de LINGO, estime que « les bombes carbone constituent le test décisif de la volonté de la communauté internationale d’en sortir (des hydrocarbures) ».

1 600 milliards de dollars alloués aux entreprises impliquées dans ces projets

Le consortium souligne également dans le rapport qu’en dépit de leurs engagements climatiques, les 65 plus grandes banques mondiales ont accordé 1 600 milliards de dollars depuis 2021 aux entreprises impliquées dans les bombes carbone et de nouveaux projets fossiles.

Elles « ont une responsabilité dans l’aggravation du dérèglement climatique et les émissions à venir en continuant de donner carte blanche à des entreprises qui détruisent la planète, fustige Louis-Maxence Delaporte, responsable de la recherche énergie à Reclaim Finance. Ces ressources doivent être consacrées aux énergies soutenables et aux projets nécessaires à la transition ».

À titre d’exemple, parmi les banques françaises, la Société Générale a versé 23,2 milliards de dollars à 56 entreprises, dont TotalEnergies ou Eni. Moins de trois semaines avant la COP30 de Belém (Brésil), ces données démontrent clairement l’incurie – ou la complicité – des États en matière de lutte contre le réchauffement planétaire.

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