Réchauffement climatique : le seuil de 1,5 °C est désormais inatteignable, déplorent les scientifiques dans un rapport inédit
« Le dépassement du seuil de 1,5 °C est désormais inéluctable », résume Pierre Friedlingstein, chercheur émérite au CNRS. Le constat était déjà partagé depuis plusieurs mois de façon éparse par certains climatologues. Une étude globale, publiée mercredi 18 juin dans la revue Earth System Sciences Data et menée par 61 scientifiques de 17 pays différents, brûle définitivement l’espoir de respecter le premier totem fixé par l’accord de Paris de 2015, à savoir : limiter la hausse des températures à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900).
Il n’aura fallu que 10 ans pour que la barre symbolique soit franchie. Bien qu’il soit nécessaire de mesurer les températures sur les prochaines années afin d’avaliser ce dépassement, le monde a enregistré une hausse du mercure de + 1,52 °C pour la première fois en 2024. Une partie importante de cette augmentation (1,36 °C) est due à la seule activité humaine, souligne l’étude.
Des chercheurs français de renom ainsi que d’anciens auteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), comme la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte ou le directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou, ont contribué à l’étude. Ses résultats sont une mise à jour des principaux indicateurs climatiques du rapport du groupe de travail 1 du GIEC paru en 2021, dans l’attente du futur rapport, prévu dans 4 ans. « Le réchauffement d’origine humaine a augmenté à un rythme sans précédent dans les mesures instrumentales, atteignant 0,27 °C par décennie sur 2015-2024 », soulignent-ils.
Le niveau des océans a grimpé de 22,8 cm depuis 1901
Concrètement, il reste à l’humanité un budget carbone résiduel – droit à émettre tout en gardant 50 % de chances de contenir le réchauffement à 1,5 °C – de 130 milliards de tonnes de gaz à effet de serre (Co2) avant de dire adieu à ce seuil. Si nous continuons d’émettre le même volume de Co2 qu’à l’heure actuelle – 53 milliards de tonnes au niveau global en 2024 -, cette marge de manœuvre sera consumée dans trois ans et nous atteindrons les 2 °C de réchauffement en seulement 25 ans.
D’après l’étude, « le réchauffement observé en 2024 peut encore être considéré comme une année typique, compte tenu du niveau de réchauffement induit par l’homme et de l’état de la variabilité interne associée à la phase d’El Niño et à la variabilité de l’Atlantique ».
Hormis la hausse des températures, le rapport inclut pour la première fois d’autres indicateurs, tels que le changement des précipitations terrestres ou l’élévation du niveau de la mer, tous deux dans le rouge. Pour cette dernière, on sait qu’elle se dilate sous l’effet du réchauffement global, et que les volumes d’eau douce augmentent du fait de la fonte des glaces. D’après les calculs réalisés, le niveau des océans a ainsi grimpé de 22,8 cm depuis 1901. Surtout, le rythme de cette hausse a plus que doublé, avec 2,6 cm de gagné rien qu’entre 2019 et 2024, contre moins 2 mm par an depuis le début du XXe siècle.
Il suffit d’imaginer les conséquences on ne peut plus concrètes que peut avoir une hausse de plus de 22 cm du niveau des mers pour les nations insulaires et les habitants du littoral pour prendre conscience de l’urgence. Seule solution pour endiguer le phénomène : « réduire les émissions de gaz à effet de serre le plus rapidement possible », argue la climatologue Valérie Masson-Delmotte.
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