Feux de forêts au Canada : déjà plus de 2 millions d’hectares ravagés par les flammes
Imaginez la superficie d’un pays comme la Slovénie partir en fumée. Au total, 2,2 millions d’hectares ont d’ores et déjà été détruits dans le centre et l’ouest du Canada depuis le déclenchement d’incendies de grandes ampleurs, des mégafeux, le mois dernier. Plus de 200 incendies actifs poursuivaient leur course folle ce mercredi 4 juin, la moitié d’entre eux étant considérés comme incontrôlables par le Centre interservices des feux de forêt du Canada (Ciffc). Impuissantes, les autorités canadiennes n’hésitent pas à parler du pire début de saison des feux depuis des années.
Alors que, dans l’Alberta, des sites pétroliers ont été mis à l’arrêt – plus de 7 % de la production nationale impactée –, face à la propagation des flammes, les provinces particulièrement touchées de la Saskatchewan et du Manitoba ont déclaré simultanément l’état d’urgence, fin mai.
Et des départs d’incendie sont désormais recensés au nord de la Colombie-Britannique. Plus de 26 000 habitants ont été évacués, notamment au sein de réserves autochtones ravagées. « C’est une période très difficile pour de nombreux Canadiens », a réagi Eleanor Olszewski, la ministre de la Gestion des urgences, mardi 3 juin, en conférence de presse.
Fumées toxiques venues du Canada : les États-Unis sont aussi touchés
La précocité de ces événements météorologiques extrêmes rappelle le traumatisme de l’été 2023 : 15 millions d’hectares consumés et des feux survenus dès le courant du mois de mai, comme cette année. Cette précocité, doublée d’une rare intensité, est directement liée au réchauffement climatique. Un phénomène qui entraîne une diminution massive du manteau neigeux dès le printemps suivie d’une sécheresse persistante.
« On sait que, dans un monde à + 2 °C de réchauffement à horizon 2050, 60 % des terres émergées verraient une hausse des conditions propices aux incendies, telles que des saisons sèches de plus en plus longues, de plus en plus sévères ou de plus en plus précoces », rappelle à l’Humanité Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
En sus de la progression des murs de feux, la qualité de l’air, dégradée par les fumées, inquiète les autorités. Ces dernières invitent en conséquence les Canadiens à limiter leur temps de sortie. Le problème s’étend sur l’Atlantique Nord, notamment aux États-Unis. Suie, cendres, poussière… Des alertes ont été émises dans les États du Michigan, du Wisconsin, du Minnesota et du Nebraska.
Les fumées ont même atteint l’Europe, en témoigne le ciel voilé aperçu à divers endroits au nord-ouest de la France, même si ces concentrations en monoxyde de carbone ne posent pas de problème de santé publique, soutient l’Institut Copernicus. Pour l’heure, les causes de ces mégafeux ne sont pas encore connues, bien que les autorités canadiennes mettent en cause les activités humaines, le plus souvent accidentelles dans un environnement déjà à risque. Elles estiment que la saison des incendies géants pourrait être « au-dessus de la normale » en juin et juillet, laissant présager un scénario similaire à 2023. Voire pire.
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