« Polynésie, pour quelques degrés de plus ! » : paysages idylliques en urgence climatique
Les îles de Polynésie française sont en situation de crise climatique grave. Et la France métropolitaine n’en a pas assez conscience. Là-bas, la montée des eaux est un problème majeur pour les habitants. Les scientifiques estiment une augmentation des eaux de l’ordre de 80 centimètres d’ici à 2100. En plus de l’océan qui vient peu à peu éroder les littoraux, les tempêtes se multiplient et leur intensité ne fait que grandir. Les habitants pourraient devenir les premiers réfugiés climatiques français.
Sur place, on se mobilise. Des habitants, des élus locaux et des scientifiques travaillent d’arrache-pied pour protéger les îles. Laetitia, chercheuse au CNRS, expérimente sa théorie sur les récifs coralliens de Moorea. Selon elle, seuls 2 % de ces coraux sont encore vivants.
Elle raconte qu’en 2019, une canicule marine a causé la perte de plus de 50 % du récif. On appelle ça la « mort blanche ». Quand un corail est plongé dans une eau trop chaude (qui peut monter jusqu’à 34 °C en cas de canicule marine), ses tissus blanchissent. Seulement, s’il ne se régénère pas, il devient moins solide et ne permet plus de protéger les littoraux en cas de houle.
« Le mot urgence n’est pas exagéré »
Pour un habitant de la baie de Matavai, sur l’île de Tahiti, « le mot urgence (climatique) n’est pas exagéré ». Il constate depuis une vingtaine d’années l’accélération de la montée des eaux ainsi que l’accentuation de la force des éléments. C’est un constat alarmant, mais ces prévisions permettent de mettre en place des mesures d’adaptation comme les maisons OPH (Office polynésien de l’habitat). Ce sont des logements sur pilotis entièrement boulonnés pour résister aux événements extrêmes dans lesquels les sinistrés peuvent être relogés.
Des mesures de protection sont aussi expérimentées. Les habitants sont souvent contraints de construire eux-mêmes des enrochements devant leurs terrains pour endiguer la houle. Mais beaucoup s’intéressent également à la revégétalisation. Pour Jean-François, botaniste, et pour Yseult, la mairesse d’Hao, planter le long des littoraux pour retenir le sable est la meilleure solution, même si c’est une mesure qui prend du temps. Face à toutes ces catastrophes, c’est la coopération et la solidarité qui donnent de l’espoir : scientifiques comme habitants s’allient pour apprendre à planter correctement le long des plages. Dans ce combat infini contre les conséquences du changement climatique, tout le monde a son rôle à jouer.
Polynésie, pour quelques degrés de plus !, France 2, mardi 10 juin, 23 heures
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