Suspension de l'aide militaire américaine à l'Ukraine : l'ancien président du Conseil italien Enrico Letta "propose de créer un marché commun de la défense européenne"

Après les déclarations de Donald Trump sur l'Ukraine et sa décision de suspendre l'aide militaire américaine, "je propose de créer un marché commun de la défense européenne", déclare mercredi 5 mars sur France Inter Enrico Letta, ancien président du Conseil des ministres italien et président de l'institut de recherche européen Jacques-Delors.

Comme l'ancien Premier ministre Édouard Philippe la veille sur France Inter, Enrico Letta estime que "ce que Trump vient de faire avec la suspension de l'aide est une trahison". "Poutine est en train de gagner la guerre grâce à Trump, qui a totalement changé de position", dénonce-t-il. Face à cela, "l'Europe doit considérer que la défense est un bien commun et ne peut plus être financée seulement avec les dépenses nationales, il faut donc un projet commun de défense européenne", assure-t-il, à la veille du conseil extraordinaire européen de défense.

Dans un rapport sur l'état de l'économie européenne, l'ancien président du Conseil italien indiquait que 80% des équipements et matériels achetés par l'Europe pour l'Ukraine ne sont pas européens. Les dépenses d'armement sont "fragmentées en 27", constate-t-il, et "notre argent est employé à créer des emplois au Michigan, en Turquie, Corée du Sud...". Enrico Letta propose donc "de créer un marché commun de la défense européenne en mettant ensemble les 27, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Islande et les trois pays de l'Otan qui font partie des Balkans, donc, Albanie, Monténégro et Macédoine du Nord". Il est par ailleurs favorable à l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer l'aide à l'Ukraine : "Ce sont des sommes qu'il faut prendre en avance par rapport aux réparations de guerre que les Russes doivent et vont payer", estime-t-il.

Enfin, face à la menace de guerre commerciale, "il faut réagir tous ensemble", souligne Enrico Letta. Il est favorable à l'idée de taxer les entreprises américaines. "On est une colonie de la finance américaine en Europe", lance-t-il. "S'il y a une guerre commerciale, il faut que l'Europe réagisse avec tous les moyens qu'on a. Et les moyens les plus efficaces sont ceux qui touchent à la finance et la big tech", assure-t-il, concluant : "À la guerre comme à la guerre".