Droits de douane : la présidente de la Commission européenne se dit prête à taxer les géants de la tech américaine

Comme un climat de "paix armée" entre l’Union européenne et les Etats-Unis, après la pause des droits de douane décrétée pour 90 jours. Une pause qualifiée de "fragile" par Emmanuel Macron vendredi 11 avril. Face à l’imprévisible Donald Trump, les Européens souhaitent maintenir la pression, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen évoque, dans une interview au Financial Times, la possibilité de taxer les géants américains du numérique.

Cette menace sur les géants du numérique représente un cran de plus dans l’éventuelle riposte que les Européens se disent toujours prêts à dégainer. Jusqu’à présent, les représailles officiellement envisagées ne concernaient que des produits américains. Désormais, l'Union européenne envisage de s’attaquer également à des services, là où cela fait le plus mal à Donald Trump, et ce, pour deux raisons.

D’abord, parce que contrairement aux marchandises, les services sont un domaine dans lequel les Etats-Unis sont excédentaires. C’est donc là qu’ils ont le plus à perdre. Ensuite parce que symboliquement, tous les patrons de la tech se sont ralliés à Donald Trump, à commencer par Elon Musk. Cette décision aurait donc aussi une portée politique contre le président américain et ses alliés.
On n’en est pas encore là, l’heure est plutôt à la désescalade, mais aussi à des négociations qui s’annoncent intenses et sous pression maximale dans les 90 jours à venir. La prochaine réunion aura donc lieu lundi à Washington, en présence du Commissaire européen Maros Sefcovic et de son homologue américain.

La France sur une ligne de fermeté

Sous la pression de Donald Trump, mais aussi, côté européen, de la plupart des Etats membres et des forces politiques du Parlement européen. Certaines à gauche se sont déjà élevées contre une suspension des représailles européennes, jugée un peu hâtive, alors que Donald Trump n’a pas, lui, renoncé à l’ensemble de ses droits de douane. Il reste encore ceux sur l’aluminium et l’acier ainsi que ce plancher à 10% pour l’ensemble des marchandises, entré en vigueur mercredi.

Les menaces restent donc de mise, et celle de taxer les géants du numérique est notamment soutenue, du côté des eurodéputés sociodémocrates, par Aurore Lalucq. "Les géants du numérique américains ne peuvent pas vivre sans le marché européen, relève-t-elle. Il ne faut pas hésiter à les taxer, à répondre en frappant là où ça fragilise très clairement le gouvernement américain."

"Il ne faut pas avoir peur, on est puissant, l'Union européenne est un marché puissant."

Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique)

à franceinfo

Parmi les Etats membres, la France fait partie des partisans d’une ligne la plus ferme possible dans les négociations face à Donald Trump. Emmanuel Macron appelait d’ailleurs vendredi matin à "mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger". Cela ira-t-il jusqu’à l’activation de l’arsenal anti-coercition commerciale, dont l’UE s’est dotée il y a deux ans, sans jamais l’activer jusqu’à présent ? Il permettrait notamment d’empêcher l’accès aux marchés publics européens pour les entreprises américaines ou encore de limiter leurs flux d’investissements financiers. Pour l’instant, toute cette palette de mesures de rétorsion reste sur la table en attendant de voir comment tournent les négociations à venir.