Maïs, riz, jus de fruits… Quels sont les premiers produits américains taxés par l'UE en réponse aux droits de douane imposés par Donald Trump ?
Une réplique "ferme et proportionnée". La Commission européenne a dévoilé, mercredi 9 avril, le premier volet de sa riposte à la série de droits de douane imposés par Donald Trump. Si les 27 espèrent toujours pouvoir négocier avec Washington pour mettre un terme à la guerre commerciale, ils ont aussi décidé de déclencher une réponse graduée aux mesures américaines.
Depuis bientôt un mois, l'Union européenne (UE) a été frappée à trois reprises par des droits de douane additionnels instaurés par les Etats-Unis : +25% sur l'acier et l'aluminium, mi-mars ; +25% sur le secteur automobile, début avril ; et enfin +20% sur tous les autres produits européens, mercredi 9 avril. Ce même jour, Bruxelles a donc approuvé, par un vote des Etats membres (à l'exception de la Hongrie), une première liste de surtaxes, en réponse à celles de Washington sur l'acier et l'aluminium.
Une réponse en trois temps
Cette réplique prévoit une série de droits de douane supplémentaires de 25% – de rares produits, comme certains textiles, seront visés par un taux de 10% –, qui seront mis en œuvre par étapes.
Dès le 15 avril, l'UE appliquera une surtaxe aux importations de maïs, de riz, de légumes surgelés, de jus de fruits ou encore certains produits cosmétiques. Cette première liste avait été arrêtée en 2018, durant la première présidence de Donald Trump, puis suspendue, rappelle la Commission.
Le 16 mai, une seconde salve de droits de douane entrera en vigueur, concernant des biens comme la volaille, les motos, les réfrigérateurs, le tabac, l'acier ou encore des matières plastiques comme le polyéthylène. Enfin, les amandes et le soja, très utilisé dans l'alimentation animale, se verront appliquer des droits de douane de 25% à partir du 1er décembre 2025.
La Commission précise que ces mesures sont étalées dans le temps afin de respecter les règles de l'Organisation mondiale du commerce, qui prévoit des délais de consultation, rapporte Le Monde. Au total, les importations américaines visées par Bruxelles représentent une valeur de 22 milliards d'euros, un montant légèrement inférieur aux 26 milliards d'euros d'acier et d'aluminium européens soumis à une surtaxe des Etats-Unis.
L'UE doit annoncer d'autres mesures
Si l'UE refuse de céder face à Donald Trump, elle cherche aussi à limiter l'impact de la guerre commerciale sur son économie. De crainte de voir les Etats-Unis imposer 200% de droits de douane sur les vins et spiritueux européens, la France et l'Italie ont ainsi obtenu que le bourbon américain soit écarté de la liste dévoilée mercredi.
Bruxelles doit encore annoncer d'autres mesures, en réponse notamment aux 20% de droits "réciproques" entrés en vigueur mercredi. Ce nouveau volet de la riposte doit être présenté mi-avril. Les 27 sont toutefois partagés sur le niveau de fermeté à adopter. L'idée de cibler le secteur du numérique américain fait ainsi débat, certains Etats redoutant de provoquer une escalade avec Washington.
Pour frapper fort, la France et l'Allemagne évoquent aussi l'idée d'employer un outil jamais utilisé auparavant. Surnommé "instrument anti-coercition", il a été pensé comme une mesure de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l'accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements. Une mesure qui ne fait, là encore, pas l'unanimité.