Guerre en Ukraine : l'accord entre Moscou et Kiev en mer Noire "est un succès diplomatique, militaire et stratégique pour la Russie", analyse un spécialiste des questions européennes

Mercredi, Russes et Ukrainiens ont accepté de stopper les combats en mer Noire. Les Américains présentent cela comme le tout premier résultat concret des discussions sur l'Ukraine depuis l'arrivée de Donald Trump. Mais, dans un communiqué, Moscou met un certain nombre de conditions."C'est un succès diplomatique, militaire et stratégique pour la Russie", analyse, mercredi 26 mars, Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po, spécialiste des questions européennes et auteur de L’Europe a-t-elle un avenir ? 

La Russie exige, notamment, que les sanctions visant son secteur agricole soient levées. "La Russie obtient et espère obtenir des concessions, notamment sur le plan financier", poursuit Patrick Martin-Genier. La Russie veut notamment que sa banque publique soit reconnectée au système Swift, pour cela, il faudra l'accord des Européens. "C'est une condition importante émise par les Russes. Je pense que Moscou compte sur la division des Européens", note le spécialiste. 

"Ça met l'Europe en porte-à-faux puisque bien évidemment, elle a voté une quinzaine de trains de sanctions. Il va falloir qu'elle dise oui à la levée au moins partielle, de sanctions financières".

Patrick Martin-Genier

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L'Europe et l'Ukraine écartés des négociations

En fait, ni Moscou, ni Kiev, ni Washington ne semblent avoir la même lecture de l'accord. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a d'ailleurs accusé l'équipe de Donald Trump de se laisser manipuler. "Il est mis au pied du mur, il n'a pas été concerté. Et la grande crainte de Volodymyr Zelensky, c'est qu'il fasse les frais d'une négociation territoriale. Et ça, c'est sous-jacent, parce qu'on nous annonce une prochaine étape de négociation qui pourrait porter sur les oblasts occupés, notamment Kherson et Zaporijjia. Donc, évidemment, on a l'impression que Donald Trump et son entourage sont manipulés par Moscou."

"Je pense qu'il y aura des pressions américaines sur l'Union européenne."

Patrick Martin-Genier

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"Malheureusement, tout se passe entre les États-Unis et la Russie, plus précisément entre Donald Trump et Vladimir Poutine", selon Patrick Martin-Genier, pour qui le président ukrainien "est écarté du jeu". "Quant à l'Europe, elle n'est absolument pas concertée. La seule chose qui pourrait être demandée à l'Europe, c'est de continuer les sanctions économiques. Je ne suis pas certain que le président Macron soit en situation d'entraîner tout le monde derrière parce que certains veulent quand même une sorte d'apaisement. Mais Emmanuel Macron va sans doute réitérer sa disponibilité pour assurer l'effectivité d'un cessez-le-feu, même provisoire", ajoute-t-il.