«Je dialoguerai avec tout le monde»: le ministre de l'Économie souhaite associer tous les partis à la préparation du budget

Prêt aux «compromis», et soucieux «qu'un budget soit adopté», le nouveau ministre de l'Économie Éric Lombard va tenter de procéder «par le dialogue» en invitant tous les partis représentés au Parlement à venir en discuter à Bercy. «À la demande du premier ministre, je vais appeler les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que les groupes parlementaires, à venir dialoguer au ministère avec Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, et moi-même», a assuré Éric Lombard dans un entretien à La Tribune Dimanche.

Le ministre des Finances compte contacter tout le monde «à partir de (dimanche) matin», jugeant que «tous les élus sont légitimes». Il semble ainsi vouloir éviter les polémiques récentes, comme celle provoquée par son prédécesseur Antoine Armand qui avait, dès sa première interview fin septembre, indiqué exclure le RN de l'arc républicain, à la grande irritation de Marine Le Pen. Il n’a fait état d’aucune préséance : «L'ordre de passage dépendra de leurs disponibilités, et la configuration sera celle qu'ils souhaitent», affirme le ministre, dont la porte «restera ouverte jusqu'au 14 janvier, date du discours de politique générale» de François Bayrou, mais «également ensuite».

«Nous verrons bien»

«Les résultats de ce dialogue» seront présentés au premier ministre François Bayrou, «pour qu'ils se traduisent en propositions du gouvernement». Celui qui était jusqu'à lundi directeur général de la Caisse des dépôts, premier pôle financier public, rappelle avoir été «à ce titre en contact permanent avec les élus, locaux ou nationaux»

Alors que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui n'exclut pas de censurer le gouvernement Bayrou, a néanmoins reconnu mardi sur BFMTV qu’Éric Lombard était «un homme de gauche» et «un ami», le nouveau ministre a éludé : «je dialoguerai avec tout le monde et j'aurai le même discours avec tous les élus. Certains seront peut-être plus engagés, d'autres plus réticents. Nous verrons bien». «Il faut trouver des compromis, c'est indispensable», a-t-il ajouté.

Il compte «aménager» le projet de loi de finances préparé par le gouvernement Barnier, laissé en souffrance durant la navette parlementaire par la censure du 4 décembre. Le ministre estime que d'éventuelles hausses d'impôts devront être «très limitées», et qu'il faudra «des économies supplémentaires». Le déficit serait inscrit dans le texte à «un peu au-dessus de 5 %» du PIB, «de façon à protéger la croissance».

«Indexation du barème»

Avant des concessions aux oppositions qui ne lui ont pas évité la censure, Michel Barnier affichait l'intention de ramener un déficit public de 6,1% du PIB cette année (qui vaut à la France une procédure pour déficit excessif à Bruxelles), à 5% l'an prochain. Éric Lombard évacue au passage le risque d'une possible hausse du nombre de personnes assujetties à l'impôt sur le revenu l'an prochain. Si la loi spéciale, qui permettra en début d'année le strict fonctionnement de l'État, devait perdurer, elle n’autoriserait pas de pratiquer la traditionnelle indexation du barème de cet impôt sur l'inflation.

«Nous aurons un budget qui comportera une indexation du barème» a tranché Éric Lombard. «Les Français qui ne paient pas d'impôts sur le revenu aujourd'hui n'en paieront pas demain». Il «émet une condition», par ailleurs, à un futur aménagement de la loi sur les retraites, affirmant que les discussions «ne doivent pas alourdir le déficit de l'assurance vieillesse». Il y a «du grain à moudre à l'intérieur de cette contrainte», explique-t-il. Le ministre espère que «la construction d'un budget crédible sera une réponse à l'inquiétude (des) marchés» sur les finances publiques françaises. Il juge enfin «très sérieuse» la menace de barrières douanières agitée par le président élu Donald Trump. «Il faut se préparer à une réponse très vigoureuse», mais «l'Union européenne dispose des armes nécessaires», assure-t-il .