Effort de 40 milliards d'euros pour le budget 2026 : "Ça va être une saignée absolument terrible", estime Eric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée

Alors que le ministre de l'Économie Eric Lombard a annoncé, dimanche 13 avril, que Bercy voulait demander un "effort supplémentaire de 40 milliards d'euros" pour tenir l'objectif d'un déficit à 4,6%, Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, a fait part de son désaccord, lundi 14 avril, sur franceinfo, estimant que cette politique allait être "une saignée absolument terrible".

"L'année dernière c'était déjà 30 milliards [...] dont 1,5 milliard d'euros en moins dans le logement, dont chacun constate aujourd'hui qu'il est en crise et que c'est une bombe sociale à retardement", rappelle Eric Coquerel. "C'est aussi 2,3 milliards de moins dans le budget de l'environnement alors qu'il faudrait selon les spécialistes entre 35 à 50 milliards d'euros en plus d'investissements en matière d'environnement. Et on pourrait faire une longue liste comme ça", estime le député LFI.

Y a-t-il "urgence à réduire les déficits" ?

Cette politique va "entraîner le contraire de ce qu'attend le gouvernement", affirme Eric Coqurel alors que la situation économique est en récession. "On peut s'attendre à moins de recettes, [...] c'est tout ce qu'il ne faut pas faire dans la période actuelle."

Plusieurs pistes méritent d'être étudiées, selon le président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, à commencer par "s'interroger, savoir si c'est vraiment l'urgence de réduire les déficits". "Dans un moment où la question de la défense est posée par exemple. Rajoutons les menaces de Donald Trump, donc il y a à prévoir une baisse de la croissance du fait de l'instabilité. Les déficits ne sont pas l'essentiel du cap qu'on doit se définir", assure le député.

Rétablir l'ISF, imposer le patrimoine...

D'après le président de la commission des finances il faut, au contraire, aller chercher du côté de la cause du déficit c'est-à-dire du côté de la "baisse des recettes". Et d'ajouter : "Si on doit faire des économies, c'est là où il faut aller : rétablir l'ISF, supprimer la flat tax [impôt à taux unique], avoir un impôt sur le patrimoine. [...] Ce qui coûte trop cher au pays c'est le capital."

Des sujets qu'Eric Coquerel compte aborder, mardi 15 avril, auprès du gouvernement lors de la conférence sur les finances publiques. "Je n'attends pas grand-chose de cette grand-messe, j'en attends plus de débat parlementaire car il va falloir faire entendre raison au gouvernement", explique le député, qui n'écarte pas la possibilité de voter une motion de censure avec son groupe parlementaire.